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Anniversaire de la marche contre le racisme

 

1983, la "Marche pour l’égalité et contre le racisme" part de Marseille

Le 15 octobre 1983, une marche pour l’égalité et contre le racisme s’élance de la cité de la Cayolle (9e) à Marseille.
Composée de 32 marcheurs, elle atteint la capitale un mois et demi plus tard, le 3 décembre, accueillie par un rassemblement de plus de 100 000 personnes.

La "Marche pour l’égalité et contre le racisme", a deux points de départ : Lyon et Marseille.
C’est en effet à Lyon que naît l’idée d’une action collective, suite à des affrontements entre policiers et jeunes du quartier des Minguettes à Vénissieux, pendant lesquels Toumi Djaïdja, jeune président de l'association SOS Avenir Minguettes, est grièvement blessé. Soutenus par le père Christian Delorme et le pasteur Jean Costil de la Cimade, les premiers militants veulent prendre pour modèle les mouvements créés par Martin Luther King et Gandhi, marqués par le pacifisme et la non-violence. Ils décident d’entamer symboliquement cette marche à Marseille, pour qu’elle traverse l’ensemble du territoire, après un été particulièrement marqué par des violences à caractère raciste.

À Marseille, le rassemblement se fait à la Cayolle – quartier qui avait été le théâtre d’un attentat raciste ayant conduit à la mort d’un enfant quelques mois auparavant . Les militants marseillais présents ont aussi en mémoire la vague de crimes racistes de l’année 1973 contre des travailleurs immigrés, et plus récemment la mort de Lahouri Ben Mohamed, un adolescent tué le 18 octobre 1980 à la cité des Flamants par un policier s’étant lui-même présenté « à la gâchette facile ». Les Flamants constituent d’ailleurs la première étape de la marche qui poursuit ensuite son chemin vers le nord dans une relative indifférence, jusqu’à l’assassinat d’un jeune homme de 26 ans, Habib Grimzi, jeté du train Bordeaux-Vintimille par trois futures recrues de la Légion Étrangère le 14 novembre 1983. Les médias s’intéressent alors au phénomène et des militants associatifs, des syndicalistes, et des femmes et hommes politiques gonflent progressivement les rangs des marcheurs, qui organisent, dans les villes traversées, des échanges et des débats avec la population locale.

 

Carte de séjour et droit de vote pour les étrangers

À son arrivée à Paris le 3 décembre 1983, soutenue par une foule immense entre Montparnasse et la Bastille, la marche envoie une délégation de huit personnes à l’Élysée, accueillie par le président de la République et le premier ministre. Les participants portaient en effet plusieurs revendications, pour l’égalité des droits, pour la lutte contre les violences racistes ou le droit de vote pour les étrangers. Le président Mitterrand octroie un permis de séjour et de travail de dix ans.

La "Marche pour l’égalité et contre le racisme" de 1983 constitue un moment fondateur de l’histoire française contemporaine, donnant pour la première fois de la visibilité et la parole aux jeunes Français issus de l’immigration post-coloniale. Une histoire qui resurgit au fil des décennies et des commémorations. En 2013, à l’occasion du trentenaire de la Marche est sorti un film éponyme de Nabil Ben Yadir, porté par les comédiens et commédiennes Djamel Debbouze, Olivier Gourmet ou encore Hafsia Herzi. Un livre de témoignage également de Toumi Djaidja, l’initiateur de la Marche, était paru également.

 

Une exposition anniversaire au musée d'Histoire de Marseille

A l’occasion des 40 ans de cette marche historique, la Ville de Marseille et le collectif "Mémoires en Marche" proposent une exposition du 15 octobre au 15 janvier, au musée d'Histoire de Marseille. Cette exposition a pour objectifs de donner des clefs de lecture, en apportant des informations jusque-là connues des seuls initiés et permettre aux jeunes générations de mieux appréhender cette histoire collective.
Autour de cette exposition toute une programmation,
composée de concerts, de films, de conférences, de livres, de musique, de théâtre... émaillera ces 3 mois. Une programmation marrainée par la romancière et scénariste Faïza Guene, en collaboration avec le collectif "Mémoires en Marche".

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