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Journée internationale des Droits des femmes : jusqu'au 21 mars, la Ville de Marseille met à l'honneur les femmes qui font l'Histoire

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la Ville de Marseille met à l’honneur le parcours de femmes qui ont marqué l’Histoire. Renée Dray-Bensousan, historienne, enseignante, spécialiste de l'histoire des femmes marseillaises et Catherine Marand-Fouquet, professeure agrégée d'histoire, auteure de plusieurs ouvrages sur l'histoire des femmes, vous proposent de revenir sur l’histoire de femmes qui ont marqué la lutte pour le droit des femmes à Marseille.
 

De la Révolution à l'Entre-deux guerres

Pendant la Révolution, on peut déjà noter un certain frémissement pour la participation à la vie politique chez les épouses des édiles notamment. Des sociétés féminines revendiquent en 1790 le droit de prêter le serment civique. Mais ce ne fut qu’un frémissement.
Le XIXe est là qui grave dans la Loi, l’infériorité physique et intellectuelle du sexe dit faible. Pourtant, des femmes s’obstinent à lutter pour leurs droits.

Dès 1876, Hubertine Auclert, journaliste et première suffragette, fonde l'association "Le droit des femmes" et se bat pour l'égalité politique
En 1879 se tient à Marseille "L’immortel congrès", troisième Congrès ouvrier socialiste de France. Y participe Louise Tardif.
Dans les années qui suivent, des cigarières comme Marie Jay ou Marie Deleuil défendent leurs droits au travail.  

Eugénie Fraissinet, comme plusieurs de ses coreligionnaires protestantes, est une militante féministe de la première heure et une active suffragette. Première présidente, de 1913 à 1918, de la section locale de l’Union française pour le suffrage des femmes, dont le siège est à son domicile, elle en devient présidente d’honneur et participe à la fondation de la Fédération féministe du Midi en 1924.

Dans les années de l’Entre-deux-guerres, Laure Beddouch milite dans ses feuillets "féministes" édités dans les deux quotidiens marseillais de l’époque "Le petit Marseillais" et "Le Petit Provençal".
En 1935, "Le petit Marseillais" suit pas à pas la campagne menée par le comité d’entente suffragiste pour une participation symbolique des femmes aux élections municipale du 5 mai et souligne la forte mobilisation des femmes. 
À la même époque, Berty Albrecht fonde une revue en faveur du contrôle par les femmes de la fécondité. En 1941, elle est co-fondatrice du Mouvement Combat

Cette première vague du féminisme s’accomplit avec l’obtention du droit de vote et l’élection des premières conseillères municipales et députées
En 1947, dans  le gouvernement de Robert Schuman, Germaine Poinso-Chapuis est la première femme nommée ministre (de la Santé publique et de la Population).
 

De l'individuel au collectif

Cependant l’histoire du combat des femmes pour leurs droits ne s’explique pas seulement par l’histoire des individus mais bien davantage par l’action collective.

Se penser en "groupes-femmes" aux intérêts convergents en raison de leur féminité même, au sens de "Droits des femmes"  (Hubertine Auclert) est très récent à l’échelle des vingt-six siècles de la ville : cela n’advient vraiment qu’avec ce qu’on a appelé la "deuxième vague du féminisme" à partir des années 1970. 

La mobilisation cette fois se rassemble sur les questions qui touchent les femmes dans leur chair. Les premiers pas du Planning familial (1965) l’annoncent. Exiger le droit à disposer de son corps rassemble des foules. Le combat contre les violences faites aux femmes va de pair.

Des associations se constituent qui prennent en charge tel ou tel problème. C’est alors qu’on voit apparaître au niveau national un féminisme d’État, dès 1974 avec Giscard d’Estaing. Ivane Eymieu est déléguée régionale à la condition féminine.
Au niveau local, un féminisme municipal se développe à partir de la création du CODIF (Centre d’Orientation de Documentation et d’Information des Femmes) né de l’initiative de Jeanne Mazel et du mouvement Jeunes Femmes
Elle devient conseillère municipale déléguée à la condition des femmes. Ce poste perdure depuis. 

Le mouvement associatif féminin est très vivant dès les années 1975-1995. Esther Fouchier s’y fait remarquer par son aptitude à fédérer les groupes et à nouer des liens avec les autres pays et en multipliant les axes d’intervention.
Forum Femmes Méditerranée exprime cette qualité avec sa participation à de nombreux colloques dont plusieurs organisés à Marseille.

Tout au long de cette histoire, des luttes pour les droits sociaux des femmes ont existé : dans le domaine du travail comme celui des auffières, des couturières et de bien d’autres. Mais aussi dans le cadre de la famille et du quartier : combat des mères des Flamants pour faire reculer la drogue, celui de Mam’Ega, autrice d’un remarquable livre sur la condition ancillaire, pour une vie plus digne à Saint-Barthémy. 
On n’en finit pas de rencontrer au fil des recherches de ces héroïnes du quotidien pour lesquelles la reconnaissance officielle est rarement au rendez-vous.

Madeleine Simon finit dans une impasse, Joséphine Baker descend un escalier, Marie-Madeleine Fourcade doit se contenter d’un rond-point, et Olympe de Gouges attend toujours le Panthéon. 
 

Table-ronde : "Histoire(s) de femmes qui font l’Histoire"

À partir du 12 mars, et à l’initiative de Nathalie Tessier, Conseillère municipale déléguée aux droits des femmes et à la lutte contre les violences faites aux femmes, la Ville de Marseille mettra à disposition du public la captation d’une table-ronde, initialement prévue en présence du public, sur la thématique "Histoire(s) de femmes qui font l’Histoire".

Renée Dray-Bensousan, Catherine Marand-Fouquet, et trois représentantes d’associations féministes (L’Amicale du nid, GAMS, SOS Femmes) échangeront à cette occasion.

 

Renée DRAY-BENSOUSAN
Catherine MARAND-FOUQUET

 

 

La Journée internationale des droits des femmes dans les mairies de secteurs
 

  • Mairie des 2e et 3e arrondissements
    Du 8 au 29 mars (ou au 5 avril) : Publication d'une vidéo par semaine en hommage aux femmes.
    Lundi 8 mars (après-midi) - Centre d'animation et de loisirs de Fonscolombes (7, rue André Chamson - 3e) : Visite officielle dans un atelier de conseils en soins et image de soi.
     
  • Mairie des 4e et 5e arrondissements
    Vendredi 12 mars : Journée femmes et handicap 
    Plus d'infos
     
  • Mairie des 6e et 8e arrondissements
    La mairie de secteur a dévoilé le 8 mars un programme de conférences sur l'année afin de rappeler que "Le 8 mars, c'est toute l'année !"
    - 8 avril : Table-ronde sur les violences sexistes au travail.
    - 8 juin : Spectacle conférence sur le sexisme ordinaire.
    - 8 septembre : Ateliers théâtre participatifs de sensibilisation adultes enfants.
    - 8 novembre : Atelier citoyen participatif sur les stéréotypes de genre.