Les joutes provençales sont de retour à l'Estaque ce dimanche

Alliant tradition et spectacle, les joutes provençales sont de retour, ce dimanche 30 juillet – de 9h30 à 19h dans le port de l'Estaque (16e) – pour les championnats de Provence qui verront s'affronter l'élite régionale de la discipline.

C'est l'occasion rêvée de passer un moment ou une journée en famille ou entre amis – aux côtés des spécialistes – pour découvrir ou redécouvrir cette discipline spectaculaire et populaire.

Les joutes provençales en bref...

Pour faire simple, les joutes provençales opposent deux jouteurs munis d'une lance en bois et postés sur une embarcation.
Au moment où les deux barques se croisent les jouteurs brandissent leur lance pour tenter de déséquilibrer l'adversaire.
Le vainqueur est celui qui parvient à précipiter l'autre par dessus bord.
Et si les deux opposants font trempette, il y a match nul.

Un peu de vocabulaire pour débutants...

Tàrgo prouvençalo : c'est ainsi qu'on nomme les joutes en langue provençale.
Targue : la lance ; elle peut mesurer jusqu'à 2m70 de long
Targaïre : c'est le nom que l'on donne au jouteur.
Fraire : le nom que l'on donne au vainqueur de la joute. Celui qui est parvenu à rester sur la tintaine...
Tintaine : le bateau de joute est prolongé à sa poupe d'une sorte de plateforme rectangulaire où le jouteur se positionne pour l'affrontement.
Sur ce plancher, des cales-pieds permettent au jouteur d'obtenir un meilleur équilibre.
La tintaine se situe à environ 2m au dessus du plan d'eau.
Plastron de bois : accroché par des bretelles à la poitrine du jouteur, il le protége d'une éventuelle blessure au moment où la lance adverse vient le percuter. L'impact de la lance doit obligatoirement se faire sur le plastron sous peine de disqualification.
Témoin : ce cube de bois est tenu dans la main par le jouteur pour l'empêcher de saisir la lance de l'adversaire. La lance est obligatoirement tenue dans la main droite. Les gauchers sont donc priés de s'adapter. Aucune dérogation possible !
Passe : c'est le moment où les deux bateaux se croisent et où a lieu l'affrontement des deux jouteurs.
Taiole (ou taillole): ceinture de tissu large et coloré d’origine provençale qui sert à retenir le pantalon blanc des jouteurs tandis que le maillot est aux couleurs du club.
Barreur (ou "patron") : il pilote la barque de joute.

D'hier à aujourd'hui...

Parmi les jeux traditionnels provençaux, les joutes nautiques – ou tàrgo prouvençalo – sont certainement l’un des plus spectaculaires et des plus anciens. Des gravures témoignent, en effet, de combats de joutes dès 1720. Elles avaient notamment lieu dans le Vieux-Port et permettaient bien souvent aux pêcheurs locaux de se lancer un défi pour régler "à l’amiable" des différends survenus entre bateaux de pêche pendant la journée de travail...

Cette rivalité "professionnelle" d'antan a opéré ensuite un glissement vers le sport pour donner les joutes que nous connaissons actuellement. Désormais, plus besoin d'être pêcheur pour pratiquer la joute. Véritables sportifs, les jouteurs cultivent force, agilité, réflexes, précision et capacité à résister aux chocs violents de la lance adverse.

Pratiquée de mai à septembre, la discipline connait chaque été au mois de juillet le sommet de la saison quand les clubs des deux comités s'affrontent. Et à ce jeu, on peut dire que les jouteurs marseillais sont de "fines lances" et trustent souvent le haut des classements.

Si la discipline était autrefois réservée aux hommes, les femmes sont maintenant présentes dans la joute provençale dans deux catégories : féminines de moins de quinze ans et féminines de plus de quinze ans.

Les clubs (ou sociétés) de joutes provençales sont scindées en deux comités :

le comité de Provence comprend 10 sociétés : Fine Lance Estaquéenne, Estaque Nautic’Club, Société des Jouteurs Istréens, Fos-sur-Mer, Jeune Lance Martégale, Francs Jouteurs de Port-de-Bouc, Port-Saint-Louis-du-Rhône, Cassis, La Ciotat et Arles ;
le comité de Côte d'Azur comprend 7 sociétés : Sanary-sur-Mer, Saint-Mandrier-sur-Mer, Saint-Raphaël, Fréjus, Agay, Théoule-sur-Mer et Cannes.

Néanmoins la joute provençale est sans doute plus qu'un sport et relève tout autant d'une tradition culturelle et avec l'appui des orchestres locaux, les tournois prennent la dimension d'une véritable liesse populaire.