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Un exemple de biodiversité à protéger : l’herbier de Posidonie

Le bassin méditerranéen avec ses 46 000 km de côtes et une superficie de 2 500 000 km² a été défini comme un des 35 « hotspots » (points chauds) de biodiversité mondiale et le troisième le plus riche en diversité végétale. Il comporte environ 30 000 espèces de plantes dont 13 000 endémiques (1). Bien qu’elle ne représente que 0,82 % de la superficie des océans, la Méditerranée regroupe 7 % des espèces de la faune marine et 18 % de celles de la flore marine du monde. 

Sa richesse est estimée à plus de 17 000 espèces, dont 25 % sont endémiques et donc ne se rencontrent que dans ses eaux ! C’est le cas de l’herbier de posidonie.

Le littoral marseillais abrite de nombreuses espèces et ses fonds sont le théâtre d’une vie sous-marine à la fois riche et fragile. Plus que jamais, il est urgent de prendre conscience de l’importance de ce milieu, à l’heure où les alertes sur le changement climatique sont très préoccupantes.

 

La Ville de Marseille innove pour la restauration écologique de la posidonie en Méditerranée

Le projet Reposeed, porté par l’association GIS Podisonie et soutenu par la Ville de Marseille, consiste à accélérer la résilience naturelle de l’herbier de posidonie, par une action de restauration écologique à l’aide de graines provenant des fruits de la posidonie récoltés sur l’ensemble des plages de la région, et replantées au sein de la concession des récifs artificiels du Prado. Cette concession, gérée par la
municipalité, bénéficie de protections réglementaires et favorise ainsi la protection du milieu sous-marin (interdiction de mouillage, plongée et pêche).


L’objectif du projet est double : profiter de l’opportunité d’une production massive de fruits et de graines de posidonie en 2023 suite à la floraison importante observée à l’automne 2022, et appliquer une méthode simple, douce, non destructrice et réplicable en récoltant (en surface ou sur les plages) les fruits pour aider à la recolonisation, voire restaurer ce site de mattes mortes en Méditerranée française.


Ce projet expérimental innovant s’inscrit dans la démarche de la Ville d’œuvrer en faveur de la préservation de l’herbier de posidonie, espèce-clé et ingénieure d'écosystèmes marins jouant un rôle écologique, écosystémique et économique majeur. En 2022, la Ville de Marseille est devenue lauréate du plan européen des “100 villes neutres en carbone d’ici à 2030”, signe de la vitalité de son engagement en faveur de la construction d’une ville plus juste et plus verte.

 

L’herbier de posidonie, qu’est-ce que c’est ?

Identité : Posidonia oceanica de son nom scientifique.
Origine : ce végétal sous-marin descendrait de plantes à fleurs terrestres dont les « ancêtres » se seraient adaptés au milieu marin il y a environ 60 millions d’années. Il est présent presque partout dans la mer Méditerranée.
Résidence : il est constitué de touffes de feuilles en prairies plus ou moins denses et étendues que l’on nomme herbier, situés entre la surface et 30 à 40 mètres de profondeur lorsque les eaux sont très claires.
Description : la posidonie est composée de rhizomes (tiges souterraines) qui se tiennent par un sur lesquels se développent des faisceaux de quatre à huit feuilles.
Fonction : les herbiers de Posidonie sont très utiles à l’homme et constituent des services écosystémiques. Il produisent par exemple une matière végétale abondante à l’origine de réseaux trophiques (2) qui aboutissent souvent à des espèces exploitées par la pêche artisanale. 

La posidonie forme de vastes prairies sous-marines, les herbiers, entre 0 et 40 m de profondeur, leurs tâches sombres sont reconnaissables depuis la surface. C’est un lieu de vie pour de nombreuses espèces animales : seiche, saupe, crénilabre, rascasses, serrans, jeunes congres… dont certaines endémiques (1) comme la grande nacre. Les feuilles servent de supports à de nombreuses espèces minuscules : algues, bryozoaires, vers, crustacés, hydraires, spongiaires… qui constituent la nourriture à d’autres habitants de l’herbier.

Par ailleurs, cette plante exporte ses feuilles mortes vers d’autres écosystèmes : fonds de sable, de roche, les canyons sous-marins… où elle constitue une source majeure de nourriture.
De plus, comme tous les végétaux, elle capture un pourcentage important de carbone, agissant ainsi comme un précieux filtre pour l’homme. Son rôle est primordial pour l’écosystème méditerranéen. C’est le principal fournisseur d’oxygène : 1 m² d’herbier peut produire par fort ensoleillement jusqu'à 14 litres d’oxygène par jour. C’est cette production d’oxygène qui est d’ailleurs à l’origine de la sensation de fraîcheur que l’on ressent en nageant au dessus d’un herbier !
Enfin, elle amortit la houle, protégeant ainsi nos plages contre l’érosion ! Ses feuilles mortes, que l'on trouve en banquette sur la plage, permettent d’ériger une barrière naturelle qui amortit la puissance des vagues et protège les plages de l’érosion marine. On appelle "laisse de mer", les débris naturels arrachés des hauts fonds marins (algues, herbes marines, bois flottés, petits crustacés…) et déposés sur les plages lorsque la mer se retire. Ces dépôts naturels contribuent à l’équilibre naturel des plages, ce ne sont pas des déchets.

L’herbier de Posidonie est une espèce protégée par arrêté ministériel depuis 1988.

 

Une plante sous-marine en péril ?

Leur régression dans toute la Méditerranée et notamment à Marseille, représente un danger, à la fois pour les espèces qu’elle héberge comme pour les services qu’elle rend à l’homme

L’herbier de Posidonie subit de nombreuses perturbations d’origines naturelles, mais surtout anthropiques, tel l’aménagement du littoral (port, digues ...) ou l’ancrage des bateaux de plaisance qui arrache les herbiers de Posidonie, proportionnellement à la taille du bateau. 

Ce n’est pas anodin, car Marseille abrite 34 ports de plaisance répartis sur l’ensemble de la façade maritime (125 kms de côte), reliant Sausset-les-Pins à La Ciotat.
On y recense plus de 8 600 anneaux, ce qui en fait le premier pôle de plaisance français et le deuxième d'Europe.

La recolonisation des espaces dévastés est très lente car la vitesse de repousse des rhizomes à l’horizontale est de 1cm par an en moyenne, mais des résultats concrets ont été enregistrés depuis la reconquête de certaines zones.
L’herbier de Posidonie s’étend aujourd’hui sur une surface de 107 ha autour de l’archipel du Frioul et 414 ha autour de l’archipel de Riou et le long du littoral des Calanques.
Il se caractérise au Frioul par un état de conservation moyen, mais présente globalement de bons paramètres de vitalité sur l’archipel de Riou, en demeurant cependant très dégradé en fond de certaines calanques. 

 

(1) Une espèce est dite endémique d’un territoire lorsque l’ensemble des populations de l’espèce sont présentes uniquement dans ce territoire. Indissociable d’une zone géographique donnée, l’endémisme est souvent fort dans les îles où des espèces ont été isolées depuis longtemps, mais plus faible chez les espèces qui se déplacent comme les oiseaux et les organismes marins.

(2) Un réseau trophique est un ensemble de chaînes alimentaires reliées entre elles au sein d'un écosystème et par lesquelles l'énergie et la biomasse circulent. Le terme trophique se rapporte à tout ce qui est relatif à la nutrition d'un tissu vivant ou d'un organe