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L'Astragale : une amie précieuse

Vous avez prévu d'aller balader dans les Calanques cet été ? Découvrez l'une des plus emblématiques espèces de leur flore, l'Astragale ! Espèce menacée, elle est désormais protégée. 

Le littoral provençal des Calanques est soumis à de fortes pressions anthropiques : urbanisation, attrait touristique grandissant, développement des loisirs de pleine nature… Elles conduisent à de dramatiques bouleversements, tels que la perte considérable des espèces endémiques et rares, ainsi que la dégradation des milieux naturels. 

L'Astragale, espèce, un temps, menacée, est désormais protégée grâce au projet LIFE Habitats Calanques. Ce projet est né de la volonté des acteurs du territoire du Parc national des Calanques de faire face à ces menaces et d’agir pour la protection des milieux naturels et des plantes menacées du bord de mer.
 

L’Astragale : une espèce en danger

Son nom scientifique est Astragalus tragacantha.

Avec son port en boule, ses feuilles bleu argenté et ses fleurs blanches au printemps, l’Astragale de Marseille s’adapte à son environnement et déploie plusieurs astuces pour survivre.
Son port en coussinet limite la prise au vent, et ses petites feuilles velues permettent de lutter contre la sécheresse. Il pousse l’adaptation à l’extrême en perdant ses feuilles en été, se mettant ainsi au ralenti, pendant la période la plus difficile. Sa forme en boule et la présence d’épines lui ont valu son nom local de « coussin de belle-mère ».

Aujourd’hui, près de 90 % de la population française de l’espèce se trouve dans le Parc national. C’est au Mont Rose et sur les îles du Frioul, que vous pourrez faire les plus belles observations.

 

Préserver l’Astragale

Au cours des dernières années, les effectifs d’astragale ont fortement chuté en raison de l’urbanisation du littoral, du piétinement, de la prolifération des plantes exotiques envahissantes et des embruns salés pollués.

Protégé au niveau national, l’Astragale de Marseille a été classé en 2018 « vulnérable » par l’Union Internationale de Conservation de la Nature pour la France.

Un pied d’Astragale peut mettre 40 ans pour atteindre 1 mètre de diamètre. Poussant lentement, il est d’autant plus sensible à toutes les menaces. Il rend de nombreux services, même s’ils sont difficiles à quantifier : lutte contre l’érosion, pollinisation, captation de polluants et du CO2, production d’oxygène, etc.

Sur la base d’un protocole scientifique élaboré par l’Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie (Aix Marseille Université), des graines préalablement récoltées dans 8 populations naturelles ont été mises en culture, en instillant dans chaque pot un mélange de différentes bactéries pour améliorer leur croissance.

Plus de 4 000 pieds d’Astragale ont été réintroduits sur 12 sites le long du littoral des calanques.

 

D'autres mesures de protection des espèces
 

La culture dans les serres municipales : une expérience au service de la biodiversité

La Ville de Marseille s’est investie dans la culture dans les serres municipales de 24 espèces végétales « communes », c’est-à-dire qu’elles ne sont inscrites sur aucune liste réglementaire.

Sélectionnés par le Conservatoire Botanique National Méditerranéen, le dactyle aggloméré (Dactylis glomerata), la criste marine (Crithmum maritimum), la coronille à tiges de jonc (Coronilla juncea), la ciste à feuilles de sauge (Cistus salviifolius), le ciste blanc (Cistus albidus), la Camphrée (Camphorosma monspeliaca), le brachypode rameux (Brachypodium retusum), l’astérolide maritime (Pallenis maritima) ont été cultivées dans la Pépinière de la Fresnaie.

Les 8 000 plantules obtenues ont été ensuite réimplantées dans les calanques, dans les sites où d’autres plantes exotiques et envahissantes ont été enlevées, telles l’agave d’Amérique (Agava americana), la griffe de sorcière Carpobrotus spp.), l’oponce (Opuntia stricta) et la luzerne arborescente (Medicago arborea).

La Ville de Marseille s’est ainsi associée aux actions de gestion de ces espèces, notamment sur le Frioul et dans d’autres sites, comme Marseilleveyre, le Mont Rose, Samena et Cap Croisette.

 

Respecter l’aménagement des sentiers pour éviter le piétinement

Autre particularité du projet Life Habitats Calanques, le Parc national des Calanques (qui représente aussi le Conservatoire du Littoral), le Département des Bouches-du-Rhône et la Ville de Marseille se sont associés pour réaménager le réseau de sentiers, notamment à Sugiton. 

Les nouveaux aménagements empêchent les visiteurs de piétiner, hors sentier balisé, la végétation établie et lui donnent un second souffle pour se régénérer.

Le Projet Life Habitats Calanques est loin d’être fini, il est le point de départ de nombreuses réflexions à venir et de connaissances scientifiques qui guideront l’action des gestionnaires des espaces naturels, au bénéfice des générations futures.