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Henri-Jacques Espérandieu : l'illustre bâtisseur

Quel est le point commun entre tous ces monuments marseillais : Notre-Dame de la Garde, la cathédrale de la Major, le Palais Longchamp, le Palais Carli  ?
Ils ont tous été imaginés par l'architecte Henri-Jacques Espérandieu. C'est dire si le personnage a marqué à jamais de son empreinte la cité phocéenne et son patrimoine.

 

Une vocation d'architecte née dès l'enfance

Né le 22 février 1829 à Nîmes dans une famille protestante, Henri-Jacques Espérandieu s'extasie dès son plus jeune âge devant les monuments et les chantiers qu'il cotoie dans la cité gardoise. La passion de l'architecture va ainsi le saisir dès l'enfance et notamment le chantier de construction de l'église Saint-Paul conduit par l'architecte Charles-Auguste Questel dont Espérandieu devient un fervent admirateur. Il parvient à le rencontrer grâce à son père et va devenir, en quelque sorte, son protégé. Grâce à lui, encore adolescent, Espérandieu rejoint Paris en 1845 et intègre les Beaux-Arts. Son remarquable coup de crayon et son goût pour les mathématiques lui ouvrent également les portes de l'atelier de Léon Vaudoyer, autre architecte de renom tandis qu'il fréquente également l'atelier de Questel complètant ainsi sa formation. Le 16 décembre 1846, il est reçu premier à l’école des Beaux-arts. Pour alléger l'effort financier de ses parents, il finance en partie sa formation en réalisant des études rémunérées (projets de gare, de ponts, de maisons de campagne, etc.)

À partir de 1850, Questel le fait entrer dans son agence et l’associe à la mise au net des dessins définitifs pour l’église Saint-Paul de Nîmes. Il est également associé au suivi des travaux du domaine de Versailles dont Questel a la charge.

À compter de mai 1852, il partage son temps entre les ateliers de Questel et de Vaudoyer. Quand Vaudoyer obtient le chantier de la cathédrale de la Major à Marseille, il propose au jeune Espérandieu de travailler sur ses plans et de devenir son réprésentant dans la cité phocéenne.



Comment Espérandieu a façonné Marseille...

La pose de la première pierre de la cathédrale, le 26 septembre 1852, marque aussi symboliquement la première pierre de la brillante carrière de Henri-Jacques Espérandieu.
Une carrière qui va décoller spectaculairement puisque, toujours en 1852, l'atelier Vaudoyer remporte également le projet de construction de la basilique Notre-Dame de la Garde grâce aux plans proposés par Espérandieu. Ce dernier se verra alors attribuer la conduite de ce chantier pharaonique. Il y passera plus de vingt années de sa vie mais, hélas, décèdera avant de l'avoir vu achevé.

Les plans de la "Bonne-Mère"  – bien que réalisés par Espérandieu – furent signés de Léon Vaudoyer. Il est très probable que Vaudoyer redoutait que la religion protestante de son élève et collaborateur vienne nuire au choix du projet. Léon Vaudoyer confirmera plus tard dans une lettre, la véritable paternité du projet : "Je suis entièrement étranger à la conception comme à l’exécution de ce monument dont Espérandieu est le seul et véritable auteur ».

Le 22 mai 1854, Henri-Jacques Espérandieu est nommé officiellement inspecteur des travaux de la cathédrale de la Major et s'installe définitivement à Marseille en 1855.

En 1856, le jeune prodige réalise la colonne de la Vierge Dorée, pour célébrer le dogme de l’Immaculée Conception.

En 1861, alors que Marseille veut rendre hommage aux eaux de la Durance qui arrivent sur le plateau Longchamp par le Canal de Marseille, c’est Espérandieu – alors en concurrence avec le sculpteur Bartholdi ou encore l'architecte marseillais Pascal Coste – qui est finalement choisi pour réaliser le Palais Longchamp qui sera l'un de ses chefs d'oeuvre. Il conçoit un château d’eau pour accueillir les eaux de la Durance mais aussi un musée des Beaux-Arts et un muséum d’Histoire naturelle.

En 1864, la ville de Marseille lui commande les plans pour la construction d’un bâtiment destiné à accueillir la bibliothèque et l’école des Beaux-Arts, le Palais des Arts de Marseille, aujourd'hui Palais Carli.

Grâce à sa notoriété grandissante, Henri-Jacques Espérandieu est nommé architecte en chef de la Ville de Marseille, où il fera finalement l’intégralité de sa carrière. En 1868, il sera fait Chevalier de la Légion d’Honneur.

À peine âgé de 45 ans, Espérandieu décède le 11 novembre 1874 des suites d’une fluxion de poitrine, probablement contractée dans les cryptes de Notre-Dame de la Garde. Sa dépouille mortelle est transférée de son domicile (59 rue Saint-Ferréol) jusqu'à sa ville natale où il est inhumé au cimetière protestant de Nîmes.

 

Une trace indélébile

De son oeuvre remarquable, il reste quelques uns des monuments les plus emblématiques de Marseille. Sans lui, Marseille ne serait pas ce qu'elle est.

En sa mémoire, une rue – située à proximité du palais Longchamp – porte son nom et un buste (orné de médaillons représentant ses œuvres majeures) est érigé dans la cour d'honneur du palais des Arts. Non loin de là, dans le prolongement de l'école de musique, la fontaine Jacques-Henri Espérandieu constitue l'hommage de ses élèves à l'illustre architecte. Elle fut réalisée en partie par le statutaire parisien Jules Cavelier, Grand Prix de Rome.
Enfin, un des bateaux de la ligne du Frioul a également été baptisé Henri-Jacques Espérandieu.