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Victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie : Marseille se souvient

La France fête, ce dimanche 8 mai, la victoire des Alliés (1) sur l'Allemagne nazie et la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe marquée par l'annonce de la capitulation de l'Allemagne. En France, cette date est un jour férié

La Seconde Guerre mondiale fut le conflit le plus meurtrier de l'Histoire avec plus de 60 millions de morts soit 2,5 % de la population mondiale de l'époque. La France a enregistré, pour sa part, 567 000 morts, ce qui représentait 1,35 % de la population du pays en 1939.

Benoît Payan, dans une vidéo du 8 mai 2021, revient sur le déroulé de la libération de Marseille et cette journée si particulière pour notre ville.
 

 

8 mai : un jour férié et une cérémonie symbolique

Le 8 mai 1945, à 15h, les cloches sonnent pour marquer la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Le général de Gaulle annonce lui-même la capitulation allemande dans une allocution radiophonique. Partout en France, des scènes de joies accompagnent le 8 et le 9 mai, qui sont exceptionnellement des jours fériés pour célébrer la défaite de l'Allemagne nazie. 

En 1959, un décret cherchant à limiter le nombre de jours chômés renvoie les Français au travail. Et en 1975, le président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, retire tout caractère officiel à la date. Son geste cherche à marquer la réconciliation franco-allemande, mais irrite de nombreux anciens combattants.

C'est finalement le président de la République François Mitterrand (21 mai 1981 – 17 mai 1995) qui redonne au 8 mai son caractère de jour férié. La loi n°81-893 du 2 octobre 1981 rajoute cette journée à la liste des jours chômés dans le Code du travail. Ce jour n'est pas célébré en Grande-Bretagne, aux États-Unis ou en Allemagne.

Ce jour-là, jour du souvenir, une cérémonie particulière se déroule également à Paris, sous l'Arc de Triomphe. Le président de la République ravive la flamme à la tombe du Soldat inconnu.

La tombe du Soldat inconnu est une sépulture installée depuis le 11 novembre 1920. Elle accueille le corps d'un soldat non identifié, mort lors de la Première Guerre mondiale et reconnu français, pour commémorer symboliquement l'ensemble des soldats qui sont morts pour la France au cours de l'histoire. En 1923, une flamme éternelle est ajoutée, ravivée tous les jours.
Après la Seconde Guerre mondiale, est installé au pied de la tombe un bouclier de bronze chargé d'un glaive enflammé, offert par les Alliés à la gloire des armées françaises et en mémoire de la libération de Paris.

 

De la libération de Marseille à la fin du conflit en Europe

La libération de Marseille n’est pas la fin de la guerre. Entre le 28 août 1944, date de la reddition allemande à Marseille et la victoire sur le Reich en Europe, huit mois vont s'écouler. 

" L’Allemagne a capitulé sans conditions". C’est par ce titre que La Marseillaise ouvre son "édition spéciale" du lundi 7 mai 1945.

Né dans la Résistance, sorti au grand jour à la Libération, La Marseillaise, "grand quotidien d’information du Front national" (de lutte pour la Libération de la France) n’a cessé d’informer ses lecteurs de l’avancée des troupes alliées en Italie, de la constitution de l’armée vers le Rhin, de l’offensive de l’Armée rouge vers l’Allemagne.
On y suivait également la vie de l’ancien bataillon FFI La Marseillaise composé de résistants provençaux ayant intégré après la Libération de la France, l’armée régulière.

La capitulation de l’Allemagne, le 8 mai 1945, marque la fin du conflit en Europe.

La victoire des Alliés coïncide avec les premières élections en France depuis 6 ans, des élections municipales, pour lesquelles le droit de vote a enfin été accordé aux femmes le 21 avril 1944. Ces dernières se rendent aux urnes pour la première fois, le 29 avril 1945
 

Le 8 mai à Marseille

La nouvelle suscite des explosions de joie populaire. Mais si la victoire sur le Reich allemand est célébrée, elle rappelle également l’horreur des crimes nazis, découverts, notamment, avec le retour des déportés, leurs victimes, ainsi que le souvenir des amis qui ont péri en combattant, ou des proches dont on attend encore, de plus en plus désespérément, le retour.

La photographe d’origine polonaise, Julia Pirotte, communiste, résistante membre des FPT-MOI, participe le 8 mai 1945, à Marseille, à la liesse populaire pour célébrer la victoire. Elle fait revivre, le 13 mai, dans l’hebdomadaire Dimanche (La Voix de la Renaissance française, Dimanche, n° 9, hebdomadaire régional du Parti communiste français), toute l’ambivalence qui submerge à cette occasion une résistante. 

"La foule, la foule, plus rien pour les yeux que la foule, et cette joie si immense, si grandiose, et des drapeaux, des drapeaux ; drapeaux tricolores et drapeaux rouges flottent joyeusement dans un ciel bleu de mai, flottent au-dessus de la masse enthousiaste en fête. Entends-tu cette symphonie merveilleuse des cloches ? Elles sonnent la mort de la barbarie, elles sonnent la vie du progrès. Hip,hip,hip, hourra !"

Puis, Julia Pirotte imagine qu’elle aperçoit, s’invitant au milieu de cette foule, un groupe, formé de ses camarades qui ont perdu la vie dans la lutte contre l’occupant :
"Hé, Paul, Michel, venez que je vous embrasse, un jour comme ça… pour un moment mon cœur cesse de battre. Paul, Michel… mais Paul, chef de mon groupe F.T.P. a été fusillé et Michel, âgé de 17 ans, mort dans les tortures". 

Ce cortège est suivi par un autre groupe, composé des femmes juives.
"Dans leurs maigres bras, elles tiennent des petits enfants, des petits enfants qui sont depuis longtemps des cadavres et elles les pressent, pressent contre leur cœur".

Puis, un autre groupe encore, formé cette fois de jeunes femmes aux "têtes rasées et aux robes de bagnards", parmi lesquelles Julia Pirotte reconnaît sa sœur, Marie (Mindla Diament, sa jeune sœur, fut arrêtée pour son action résistante, et transférée à la prison de Breslau, où elle fut guillotinée en août 1944). 

À la fin de son texte, Julia Pirotte promet à sa sœur, ainsi qu’à tous les membres de ce cortège funèbre, "de tout faire pour que ça ne recommence plus jamais, jamais".
 

Les cérémonies du 8 mai 2022

Le Maire de Marseille, Benoît Payan, commémorera le 8 mai 1945 et la fin de la Seconde Guerre Mondiale en Europe lors de trois cérémonies officielles :

9h : À l'issue d'un petit-déjeuner avec les Anciens Combattants, le Maire déposera une gerbe en hommage aux employés municipaux morts pour la France.
Hôtel de Ville (2e)
10h : Cérémonie commémorative de la victoire du 8 mai 1945
Arc de Triomphe, 19 Place Jules Guesde (3e) (voir ci-dessous les contraintes de stationnement et de circulation)
11h45 : Cérémonie de remise du prix Mizrahi, destiné aux jeunes travaillant sur l’histoire du peuple juif et la transmission de la mémoire, en présence de M. Lionel Stora et de M. Robert Mizrahi.
Hôtel de Ville (2e)

Contraintes de stationnement et de circulation Place Jules Guesde du samedi 7 au dimanche 8 mai

Stationnement
Du 7 mai à 23h au 8 mai à 6h
Le stationnement sera interdit rue d’Aix sur toute la voie et des deux côtés entre la rue Francis de Pressensé et la Porte d’Aix
Du 7 mai 23h au 8 mai 14h
Le stationnement sera interdit rue Bernard Du Bois entre le n°16 et la place Jules Guesde
Du 7 mai 23h au 8 mai 14h
Le stationnement sera interdit Boulevard Nedelec des deux côtés, entre la rue Jules Ferry et la place Jules Guesde

Circulation
Du 7 mai 23h au 8 mai 14h
La circulation sera interdite Boulevard Charles Nedelec, entre la rue Jules Ferry et la place Jules Guesde
Le 8 mai de 8h à 14h
La circulation sera interdite rue d’Aix, entre la rue Colbert et la rue Francis de Pressensé (dans ce sens) et sera autorisée entre la rue Francis de Pressensé et la rue Colbert (dans ce sens)

 

(1) Union soviétique, États-Unis, Royaume-Uni, France (au début puis à la fin de la guerre), Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Yougoslavie et Luxembourg.

Galerie photos



Légende photos : 
- Photo 1 (panoramique et vignette) : Libération de Marseille - CP Julia Pirotte / MHM 1986.8.148
- Photo 2 : La Marseillaise - Édition spéciale du lundi 7 mai 1945
- Photo 3 : Libération de Marseille  - CP Julia Pirotte / MHM 1986.8.209
- Photo 4 : Libération de Marseille -  CP Julia Pirotte / MHM 1986.8.214