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Une nouvelle médiathèque a ouvert ses portes dans le quartier de Saint-Antoine

Le quartier de Saint-Antoine et les habitants du 15e arrondissement disposent d'un nouvel espace culturel.
Située 1 rue des Frégates, la médiathèque municipale Salim-Hatubou accueille le public – depuis octobre 2020 – du mardi au samedi.
Avec ses façades en pierre de taille et ses aménagements intérieurs en bois massif, l'établissement propose - sur 900 m² - des espaces lumineux (grandes baies vitrées et éclairage soigné) et confortables avec des équipements techniques performants.

Il dispose de 30 000 documents répondant aux besoins de loisirs, de découverte ou d’information de toutes les générations mais avec l'accent porté sur la jeunesse : romans, albums, BD, documentaires, DVD, magazines, CD et des ressources numériques (films en VOD, presse en ligne, autoformation...).
L'accent est mis sur une programmation culturelle riche et diverse qui fait la part belle à la jeunesse (lecture aux tout-petits, éveil musical, ateliers créatifs) et à l'accès au numérique (initiation à l'ordinateur et internet, ateliers de création numérique, programmation…). Un Fablab est en cours de création pour proposer des ateliers de créations numérique (imprimante 3D, programmation...)

 

Des ateliers pratiques ou de loisirs pour adultes sont aussi proposés : recherche d'emploi, club lecture, ateliers créatifs... 

Axée sur l'accueil, l'animation et la formation, cette médiathèque se veut résolument tournée vers ses publics et à l’écoute des attentes et besoins de chacun pour construire, ensemble, la vie et l’avenir de ce lieu.

La programmation culturelle – assez restreinte en raison des contraintes sanitaires –  propose spectacles pour enfants, lecture aux bébés et éveil musical, ateliers scientifiques, exposition, ludothèque ou ateliers créatifs.
Elle prendra son essor dès que les conditions le permettront.

ATTENTION : avec la mise en place du couvre-feu à 19h, la médiathèque Salim-Hatubou, est ouverte du mardi au samedi, de 13h à 18h au lieu de 11h à 19h en fonctionnement normal.

 

Une offre variée

La nouvelle médiathèque propose notamment :

  • un espace dédié à la petite enfance : albums, contes et romans ;
  • un espace romans ado-adulte avec plus de 5 000 livres ;
  • un espace presse avec fauteuils pour la lecture de journaux et magazines ;
  • un espace audiovisuel avec CD et DVD ;
  • un espace BD et mangas ;
  • un espace documentaire pour découvrir et s'informer sur diverses  thématiques : voyages, arts et loisirs, emploi et vie pratique, sciences... ;
  • un espace jeux et jouets pour partager sur place un moment ludique ; 
  • une salle offrant une vingtaine de places de travail au calme et 2 petites salles de travail en groupe, pour préparer un exposé par exemple ; 
  • un espace numérique avec 8 ordinateurs (en 2021) et du matériel de création numérique ainsi qu'une dizaine d'ordinateurs présents dans les différents espaces de la médiathèque ; 
  • un auditorium d'une cinquantaine de places pour accueillir spectacles, conférences, projections de films...
  • des services et des activités pour tous et une équipe à votre service !

 

Salim Hatubou : figure culturelle du quartier et passeur de mémoire

Écrivain, poète et conteur franco-comorien disparu en 2015, Salim Hatubou a vécu à Saint-Antoine depuis l'âge de 10 ans. Il a marqué profondément le quartier de son enfance grâce à la transmission de la culture et de la tradition.

Auteur prolifique, à la personnalité libre et attachante, Salim Hatubou était une véritable figure culturelle du 15e arrondissement où il arriva en 1982 et qui l'a vu grandir. Il y était reconnu par tous.

Adolescent, il écrit des nouvelles ou des articles bientôt repris dans différents magazines et journaux. Son premier ouvrage, "Contes de ma grand-mère" est publié en 1994, aux "Éditions L’Harmattan" alors que Salim Hatubou est âgé de 22 ans.
Outre ses contes, ses romans et ses poèmes firent de lui l'un des pionniers de la littérature comorienne d'expression française.

L’écriture est le mode d’expression qu’il a choisi pour revendiquer ses origines avec comme devise, en arrière-fond, "Sache d’où tu viens, tu sauras toujours où tu vas".
Ainsi, les dénominateurs communs de l'ensemble de son oeuvre demeurent l'identité et la mémoire.

Lors de la réhabilitation des cités La Solidarité (où il a grandi) et Kallisté, il a effectué – en compagnie d'un photographe et d'un auteur compositeur – un travail de mémoire auprès des habitants pendant deux ans (2009 et 2010).
Ce travail a donné lieu à un ouvrage (avec un CD et une exposition) intitulé "Solidarité-Kallisté : que sont nos cités devenues ?".

Il a également coécrit et interprété (avec Damir Ben Ali), "Kara ou le destin conté d’un guerrier", un feuilleton de 8 épisodes sur une épopée comorienne. Un texte qui sera mis en scène et joué à Marseille dans le cadre de "Marseille Capitale européenne de la Culture" en 2013.

 

Chantre de la tradition orale comorienne

Orphelin de mère à l'âge de trois ans, c'est auprès de sa grand-mère maternelle qu'il découvre les contes de la tradition orale lors de veillées dans le village de brousse où elle vivait aux Comores.
Par sa verve et son verbe, cette veille femme éblouissait son auditoire et tout particulièrement son petit-fils. C'est alors que se noue le destin du petit Salim : il sera conteur comme sa grand-mère. À la différence qu'il transcrira cet héritage culturel oral – venu de l'enfance –  à l'écrit.
Ainsi, durant une quinzaines d'années, Salim Hatubou sillonnera les Comores pour y recueillir, à la source, les contes traditionnels de l'archipel auprès des personnes âgées détentrices de ces richesses.

Au delà du travail d'écriture, il revêtira lui-même l'habit de conteur dans les écoles, les bibliothèques, les festivals, en France ou à l'étranger, portant la culture comorienne mais aussi celle de la ville de son enfance, Marseille. Il animera également des ateliers d'écriture.

Auteur engagé, il s'opposera notamment aux mariages arrangés aux Comores, soulèvera la question de la "balkanisation" de l'archipel ou témoignera des relations tendues entre les Comores et l'île voisine de Mayotte.

Ses ouvrages (contes, romans, recueils de poésie, albums pour le jeunesse, essai...) sont aujourd'hui étudiés dans les écoles françaises et comoriennes.

Salim Hatubou portait un intérêt particulier aux bibliothèques et à leur vocation éducative. La Ville de Marseille tenait à lui rendre l'hommage qu'il mérite en donnant son nom à ce nouvel équipement culturel au coeur du quartier de son enfance.
Symboliquement, le premier ouvrage déposé à la Médiathèque Salim Hatubou fut "Les contes de ma grand-mère". Une manière de boucler la boucle pour refermer le "roman" de sa vie... Salim Hatubou n'est plus mais ses livres et sa mémoire, eux, sont plus vivants que jamais.