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Béjart, Marseille et la Danse : une histoire d'amour et de passion

La Journée mondiale de la Danse – que l'on célèbre ce vendredi 29 avril – est l'occasion de remettre en lumière la trajectoire exceptionnelle de Maurice Béjart, ce petit Marseillais devenu un monstre sacré de la Danse. Danseur talenteux d'abord, il sera, par la suite, un chorégraphe de légende.  C'est aussi l'occasion de revenir sur l'histoire d'amour qui lie Marseille à la Danse.

 

Maurice Béjart : de Marseille aux scènes du monde entier !

Avant de devenir un chorégraphe mondialement connu et reconnu, Maurice Béjart nait à Marseille le 1er janvier 1927. Il s'appelle encore alors Maurice Berger. Ce n'est que plus tard qu'il choisira le patronyme de "Béjart" en hommage à Molière et en référence à son épouse Armande Béjart. Fils du philiosophe Gaston Berger, il obtiendra lui-même plus tard une licence de philosophie.

Mais auparavant, c'est à 7 ans – alors qu'il vient de perdre sa mère – que Béjart découvre la danse et finit par intégrer, à 14 ans, l'Opéra de Marseille où il fait ses armes avant de rejoindre l'Opéra de Paris, en 1946, à 19 ans.
À partir de 1948, il comptera d'ailleurs parmi ses professeurs, Roland Petit qui fondera ensuite le Ballet de Marseille.

Dès 1951, Béjart va mener en parallèle sa carrière de danseur et une carrière de chorégraphe. Il crée ainsi son premier ballet, "L’Inconnu", à Stockholm, puis signe, en 1952, sur la musique de Stravinsky, la chorégraphie du film suédois  "L'Oiseau de feu" dont il est l'interprète principal. Une oeuvre qui restera un des piliers de son répertoire de chorégraphe.

En 1953, il crée sa première compagnie, "Les Ballets de l'Étoile" et commence à développer une danse physique et sensuelle qui met en valeur les qualités de ses solistes. Son travail lui vaut les honneurs de la presse et du public mais se heurte à la résistance des cercles traditionnels.
Son "Sacre du Printemps" reçoit un accueil triomphal à Bruxelles où il s'installe ensuite et fonde une nouvelle compagnie, "Les Ballets du XXe siècle". Le succès ne se dément pas et la compagnie est bientôt réclamée à l'étranger, notamment dans le monde francophone. Bruxelles reste son point d'ancrage pendant 27 ans. Béjart y crée "L'École Mudra" pour concrétiser sa philosophie personnelle du ballet moderne et formera ainsi de nombreux chorégraphes et danseurs.

En 1987, il décide de quitter la Belgique et de poursuivre son aventure en Suisse où il rebaptise sa compagnie le "Béjart Ballet Lausanne" et rouvre une nouvelle école, "L'École Atelier Rudra". Il en fait une des plus prestigieuses dans le milieu de la danse classique et contemporaine.

Maurice Béjart décède à Lausanne, en 2007, à 80 ans. Il laisse derrière lui une oeuvre jalonnée de chorégraphies ambitieuses devenues souvent des classiques du répertoire chorégraphique. On peut citer notamment "Symphonie pour un homme seul" (1955), le "Sacre du Printemps" (1959), le "Boléro" (1960), la "IXème symphonie" de Beethoven (1964), "Roméo et Juliette" (1966), "Messe pour le temps présent" (1967) ou encore "Malraux" (1986).

Attaché à sa ville natale, Béjart avait tenu à revenir à Marseille pour participer aux festivités de l’an 2000, en présentant, au Théâtre Sylvain, l’une de ses créations les plus célèbres, "Le Jardin du Presbytère", associant les musiques de Mozart et Freddy Mercury.

 

Marseille et la danse : une longue passion...

Dans une ville toujours prête à s’enflammer pour la beauté du geste, avec un public passionné et des artistes réputés, la Danse constitue, au même titre que l'Opéra, un art majeur de la cité phocéenne.
Patrie d’origine de deux gloires mondiales : Marius Petipa et Maurice Béjart, Marseille compte également, avec le chorégraphe Roland Petit, un Marseillais d'adoption dont les ballets ont fait rayonner la ville, partout dans le monde, pendant un quart de siècle.

Capitale de la Danse grâce à des galons obtenus dès la première moitié du XIXème siècle au Grand théâtre et au Théâtre Pavillon, puis à l’Opéra dès 1924, Marseille possède la très réputée École Nationale de Danse depuis 1992.

 

L'École Nationale de Danse de Marseille (ENDM)

Créée à l’initiative de Roland Petit, fondateur du Ballet National de Marseille (BNM), l’Ecole Nationale Supérieure de Danse de Marseille (sa première appellation) est inaugurée en novembre 1992.
L’ENSDM sera dirigée jusqu’en 2012 par les directeurs successifs du BNM, Roland Petit, Marie-Claude Pietragalla et Frédéric Flamand.

Le Ballet et l’Ecole sont installés au coeur du Parc Henri Fabre (8e), non loin du Parc Borély, dans un bâtiment construit par le célèbre architecte Roland Simounet.

Depuis janvier 2017, l’école a pris le nom d'École Nationale de Danse de Marseille (EDNM). Elle propose 12 classes d’initiation et de Danse-Études à vocation professionnelle.
Le cycle supérieur, lui, a été rattaché au Pôle National Supérieur de Danse de Provence-Côte d’Azur, l’un des partenaires de l'école.

 

Le Ballet National de Marseille (BNM)

À la demande de Gaston Defferre – alors maire de Marseille – Roland Petit, crée les Ballets de Marseille en 1972.
Son premier spectacle, présenté au Festival d’Avignon 1972, "Allumez les étoiles" (d’après Maïakovski), marquera les esprits. 
De même que sa première création "Pink Floyd ballet" (toujours en 1972), accompagnée en live par les Pink Floyd.

Roland Petit créera pour cette compagnie, des œuvres magistrales telles que : "L’Arlésienne (1974)", "Proust ou les intermittences du cœur" (1974), "La Dame de Pique" (1978), "La Symphonie fantastique" (1985), "Le Chat botté" (1985), "Ma Pavlova" (1986), "Charlot danse avec nous" (1991) ou encore "Le Guépard" (1994).
Il multiplie les collaborations prestigieuses, notamment avec le danseur Mikhaïl Barychnikov, le couturier Yves Saint Laurent, les peintres Keith Haring et David Hockney ou encore l’écrivaine Edmonde Charles-Roux.

En 1981, les Ballets de Marseille deviendront le Ballet National de Marseille - Roland Petit. Au total, Roland Petit sera resté 26 ans à la tête de la compagnie, jusqu'en 1998.

Devenu Centre Chorégraphique National (CCN) en 1984, le Ballet National de Marseille (BNM) est ensuite successivement dirigé par Marie-Claude Pietragalla (1998-2004), Frédéric Flamand (2004-2014), Emio Greco et Pieter Scholten (2015-2018) et, depuis septembre 2019, par le collectif (La)Horde.

À travers ses tournées nationales ou internationales, le BNM perpétue son rôle d'ambassadeur de la cité phocéenne.

Fondateur de l’ENDM : Roland Petit est un des plus grands chorégraphes du XXe siècle. 

 

Il est le fils aîné de Rose Repetto, créatrice de la marque de chaussons de danse et d’Edmond Petit.

Il se forme à l’école de ballet de l’Opéra de Paris auprès de Serge Lifar et entre dans le corps de ballet en 1940.
Il fonde les Ballets des Champs-Élysées en 1945 et les Ballets de Paris en 1948, au Théâtre Marigny, avec Zizi Jeanmaire comme danseuse étoile, qui devient son épouse en 1954.

Auteur de plus de cinquante créations abordant tous les genres, il chorégraphie pour une pléiade de grands danseurs internationaux. Il refuse les effets techniques gratuits et ne cesse de renouveler son style et son langage.
Roland Petit est passé maître dans l’art du pas de deux et du ballet narratif, mais il réussit aussi dans l’abstraction. "Le Jeune Homme et la Mort" (1946) avec un livret de Jean Cocteau, est considéré comme son chef-d’œuvre absolu et son travail le plus connu.
Dans son ballet "Carmen" (1949), il fait un usage inhabituel de l’en-dedans, qui signera son vocabulaire stylistique.

Il collabore aussi avec de nombreux artistes tels que Max Ernst, Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, César, Pink Floyd, Serge Gainsbourg, Yves Saint Laurent...

Il meurt, en 2011, à l'âge de 87 ans.


Des institutions privées particulièrement dynamiques

Une mission municipale s’est aussi engagée, depuis 1996, dans une dynamique de développement du spectacle vivant, et notamment de la danse, pour favoriser l’implantation durable de nouvelles compagnies dans des lieux de travail appropriés et la construction d’équipements structurants. Il permettent à la deuxième ville de France de rivaliser pour l’art chorégraphique avec les principales villes du territoire national. Mais également les plus grandes plateformes européennes de création.

Aujourd’hui, plus d’une trentaine de structures (compagnies, festivals, établissements de production et de formation) sont soutenues par la municipalité. Ces lieux structurants sont les grandes institutions chorégraphiques de Marseille : Maison pour la danse KLAP, Pôle 164 (Pôle de Création et de Développement des Publics à l'Art Chorégraphique)plateau pour la danse de la Scène nationale du Merlan...
Aux côtés de L'École Nationale de Danse et du Ballet National de Marseille, ces structures contribuent à proposer une offre riche et diversifiée et à faire de Marseille une place forte de la Danse.

Dans une culture urbaine très développée ici, le hip-hop, apparu aux États-Unis dans les années 70, est aussi devenu un fer de lance de l’identité marseillaise et des compagnies de danse hip-hop se produisent dans les plus grands rassemblements de ce champ artistique en France.

Mais à Marseille, on danse aussi pour le plaisir dans la rue, l'été venu, au rythme de l’Argentine, du Brésil, d'Afrique ou d'ailleurs, démontrant joyeusement que la danse n’a définitivement pas de frontières.