La Ville de Marseille s’engage pour valoriser son matrimoine. Redonner ses lettres de noblesse au matrimoine, c’est rendre leur place aux femmes dans notre mémoire collective et permettre à chacun, et en particulier aux plus jeunes, d’admirer et se projeter ensemble, à égalité.
Histoire du mot
Le terme "matrimoine" n’est pas un néologisme. Dérivé du latin mater, "la mère", matrimoine est emprunté au latin impérial matrimonium "mariage" et au pluriel matrimonia "femmes mariées". Il a donné naissance à l'ancien français matremuine (1155), à matremoine (1356), à matrimoigne (1380) puis à matrimoine (1408).
Il fait partie d'un ensemble de mots au féminin qui ont été effacés lorsque la langue française s'est institutionnalisée par le biais notamment de l'Académie française (créée en 1635) et des dictionnaires. Le Dictionnaire historique de la langue française signale que le terme matrimoine "a vieilli, étant considéré comme un terme burlesque au 17e siècle puis a disparu".
Le 17e siècle marque en effet le début de l'invisibilisation de mots au féminin, symboles de la présence et la puissance des femmes en tant qu'actrices de la société. Cette masculinisation de la langue s'est opérée jusqu'au XIXe siècle. L'histoire de l'humanité se résume le plus souvent à l'histoire des hommes. S’affranchir du passé implique de défricher le contenu des siècles et de porter à la connaissance du grand public les parcours de celles qui ont écrit, pensé, créé, travaillé, lutté, résisté.
Aujourd’hui des associations entendent revaloriser l'apport et l'héritage culturel des femmes. Un mouvement qui entend, par cette lutte, faire avancer leurs droits. C’est ainsi que depuis 2015, Les Journées du Matrimoine ont vu le jour, à l’initiative du collectif HF, afin de faire connaître et de rendre visibles les femmes du passé, par le biais d’une programmation culturelle variée.
Mise à l'honneur de femmes artistes
La Ville de Marseille souhaite revaloriser et mettre à l'honneur les femmes et leur impact dans l'histoire, à travers la nomination d'espaces publics, mais également à travers la culture. Marseille met ainsi à l'honneur l'artiste algérienne Baya, par l'acquisition de 28 œuvres visibles au Musée Cantini. Les Musées de Marseille sont désormais le lieu de référence pour la préservation, l’étude et la valorisation de Baya en Europe.
Ces nouvelles acquisitions témoignent de l'engagement des Musées de Marseille pour la redécouverte et la valorisation des artistes originaires du Maghreb dans l'histoire de l'art moderne et contemporain, et particulièrement des créatrices longtemps invisibilisées par les institutions muséales. Des œuvres des artistes Nil Yalter, Amina Menia et Louisa Babari sont, par ailleurs, récemment entrées dans les collections du Musée d'Art Contemporain [mac].
Faire connaître les femmes qui ont fait Marseille au fil des siècles
En 2023, Marseille transformait les Journées européennes du patrimoine en Journées du matrimoine, pour faire connaître les femmes qui ont fait Marseille au fil des siècles. Parmi elles, les femmes résistantes ont été au cœur des commémorations des 80 ans de la Libération en 2024. La ville a célébré des héroïnes telles que Marie-Madeleine Fourcade, la seule femme chef d'un réseau de résistance, Lucia Tichadou, infirmière de guerre et élue communiste, Berty Albrecht, militante féministe, Germaine Poinso-Chapuis et Irma Rapuzzi, femmes politiques ou Julia Pirotte, photo-journaliste.
Alors qu’elle accueillait la Flamme et les Jeux Olympiques, Marseille organisait l’exposition itinérante #JESUISLÉGITIME mettant à l'honneur les femmes sportives marseillaises dans toute leur diversité. Enfin, en début d’année 2025, l’exposition "Éclaireuses d’humanité : visages et parcours de femmes en Méditerranée", organisée par la Médiathèque Salim-Hatubou (15e) honorait l’action de femmes militantes et migrantes, avec le soutien de l’association SOS Méditerranée.
Autant de manières d’intégrer la présence des femmes dans notre histoire, de rendre visibles leurs œuvres et de transmettre leur héritage.