Marseille

15 août 1944 : "l'autre débarquement" de la Seconde Guerre mondiale

Moins connu des Français que le D-Day en Normandie – mais bien présent dans la mémoire des Provençaux – le Débarquement en Provence revêt pourtant une importance stratégique pour la France. C'est "l'autre débarquement" de la Seconde Guerre mondiale.

Cette opération éclair  – baptisée "Operation Dragoon" ou encore "Anvil Dragoon" – va débuter au matin du 15 août 1944 sur le littoral provençal afin de prendre les Allemands par surprise et soulager le front de Normandie. La veille, le top départ est donné sur les ondes de la BBC avec une série de messages convenus : "Nancy a le torticolis", "Gaby va se coucher dans l'herbe", "le chasseur est affamé"...

Cette journée est également l'occasion de se rappeler que la Provence doit sa libération à l'immense sacrifice de ces troupes venues de l'autre rive de la Méditerranée, goumiers, tabors, spahis, tirailleurs, zouaves, trop souvent oubliés dans les mémoires, et qui furent pourtant d'inlassables artisans de la victoire.

 

De Cannes à Marseille, plus de 400 000 hommes mobilisés

Dans la nuit du 15 août, les "commandos français d’Afrique" du colonel Bouvet et le "1st Special Service Force" américaine du colonel Walker sont débarqués sur les flancs du futur débarquement et affrontent notamment les défenses allemandes à Hyères.

Vers 8 heures, un vaste bombardement, le long de la côte, va permettre de préparer le terrain. Des milliers de tonnes d’obus s’abattent sur la 19e armée allemande qui tient le littoral et dont les rangs se sont dégarnis depuis l'envoi de renforts pour la bataille de Normandie en juin.

En mer, une impressionnante armada  – 2 200 bâtiments, dont 850 navires de guerre – a pris position et s'élance vers le littoral provençal. Les pertes sont importantes, notamment à cause des mines allemandes qui jonchent la côte mais l'objectif de rejoindre rapidement la stratégique Nationale 7 est atteint au soir du 15 août. Près de 100 000 hommes ont alors investi les terres.

Symbole de la fraternité d’armes entre les troupes venues d'Afrique du Nord et d'Afrique noire et les Métropolitains, l’Armée B du général de Lattre de Tassigny va jouer un rôle déterminant dans la libération de la Provence. Au prix de pertes importantes et d'un courage immense, elle parvient – avec l'aide de la résistance locale – à libérer Toulon (dès le 23 août) et Marseille (le 29 août). Les deux ports étaient cruciaux pour organiser le ravitaillement des troupes et la reconquête totale de l'Hexagone. 
Alors que les Alliés tablaient sur une quarantaine de jours, l'objectif est donc atteint treize jours seulement après le début de l’opération.

De Lattre envoie ce message au Général de Gaulle : "Aujourd'hui, J+13, dans le secteur de mon armée, il ne reste plus un Allemand autre que mort ou captif."

La Provence est libérée. Dès lors, la fulgurante progression alliée permet d'effectuer la jonction avec les troupes de Normandie, dès le 12 septembre, en Bourgogne. "Dragoon" rencontre "Overlord"…
Initialement, les opérations "Dragoon" et "Overlord" devaient être lancées simultanément pour prendre les Allemands en tenaille mais, entre autres par faute de moyens, le débarquement provençal est décalé de plusieurs semaines. Il s'agissait pour les armées alliées de prendre l'Allemagne en tenaille. 

Un camp de transit fut construit à Calas pour organiser la redirection des troupes vers les Vosges et l'Alsace, l'Asie ou le retour vers les États-Unis pour les troupes américaines relevées. On estime que plus de 2 millions de GI ont transité par le camp, jusqu'à sa fermeture le 4 janvier 1945.
Les GI morts au combat lors du débarquement de Provence sont regroupés à la nécropole nationale de Luynes, non loin de ce camp, d'où ils seront redirigés vers celui de Colleville-sur-Mer en Normandie ou réclamés par leurs familles aux États-Unis. Mais certains sont enterrés dans notre région à Luynes, Aix-en-Provence ou Marseille (cimetière britannique de Mazargues) tout comme à Boulouris ou Draguignan (83), aux cotés de soldats morts sous les couleurs françaises.

 

Troupes venues d'Afrique du Nord et d'Afrique noire et Métropolitains, unis pour la liberté

Parmi les 400 000 hommes qui ont débarqué en Provence, les forces alliées sont présentes avec des Américains, des Anglais et des Canadiens.
À leurs côtés, environ 250 000 hommes se battent sous les couleurs de la France : Métropolitains bien sûr, mais aussi pieds-noirs, Algériens, Marocains, Tunisiens ou encore Sénégalais.

La Provence doit aussi sa libération à l'immense sacrifice de ces troupes venues de l'autre rive de la Méditerranée pour combattre parmi les forces de la liberté. 

Le 21 mai 2021, le Conseil municipal de Marseille présidé par le Maire de Marseille, Benoît Payan, a honoré la mémoire d'Ahmed Litim, tirailleur algérien, engagé volontaire en 1943, mort, à l'âge de 24 ans, le 25 août 1944, au pied de Notre-Dame-de-la-Garde, sous le feu des occupants nazis, lors des combats pour la libération de Marseille.

En mémoire de son sacrifice, son nom a été donnée à l'ancienne école Bugeaud, située dans le 3e arrondissement de la ville.