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Pollution de l’air due au trafic maritime : les maires des villes et ports méditerranéens favorables à l’instauration d’une zone ECA

Benoît Payan réunit 24 maires du pourtour méditérranéen pour lutter contre les pollutions dues au trafic maritime. Les vingt-cinq élus cosignent une tribune pour appeler à l’instauration de normes plus sévères en matière d’émissions polluantes appliquées aux navires circulant en Méditerranée.

Cet appel, publié dans "Le Monde" et le "Corriere della Sera" – en marge du Forum des Mondes Méditerranéens à Marseille et du One Ocean Summit – est le résultat d’un travail impulsé par le Maire de Marseille avec les maires de villes et de ports méditerranéens qu’il a réunis la semaine dernière lors d’une visioconférence.
Cette mobilisation s’inscrit dans la dynamique lancée par Benoît Payan, en septembre dernier, au cours du Congrès mondial de la Nature, pour faire de Marseille une ville plus verte et plus juste. Il avait alors appelé à la création d’une zone ECA en Méditerranée.
Dans la tribune publiée ce lundi 7 février, les maires concernés – de toutes tendances politiques confondues – portent, d’une même voix, un appel fort.
 

Retrouvez l'intégralité de cette tribune 

" La Méditerranée est la mer de tous les passages et de tous les commerces depuis l’Antiquité : elle ne représente que 1% de la surface des mers du globe, mais elle concentre 25% du trafic maritime, 30% du trafic pétrolier. Sa biodiversité est unique au monde, 500 millions de personnes peuplent ses côtes, et pourtant le retard pris dans la protection de la nature et des populations est majeur.

Notre jardin commun se meurt, et nous ne pouvons rester silencieux.

Maires des communes qui entourent la mer Méditerranée, ce patrimoine, berceau de notre humanité, nous constatons tous les jours le drame écologique qui se noue.

Nous l’avons affirmé en septembre 2021 lors du Congrès de l’UICN : la mer Méditerranée est un joyau en péril.

Le résultat est déjà sous nos yeux, le bassin méditerranéen est en première ligne face aux changements climatiques : canicules, inondations, sécheresses, incendies dévastateurs, montée des eaux. S’ajoute à cela la pollution de l’air, causée par des bateaux, parfois hors d'âge, qui la traversent, et ceux qui y sont à quai.

Et ce sont ceux qui vivent grâce et auprès d’elle qui en paient le prix. Ces catastrophes climatiques et environnementales affectent notre nature et nos concitoyens, en particulier les plus fragiles.

Face à la fatalité, nous opposons une volonté politique sans faille.

Notre mobilisation fait écho à celles des acteurs de la société civile, des États, de l’Union européenne, et des Institutions internationales.

Ensemble, nous demandons l’adoption au plus vite d’une zone ECA en Méditerranée pour lutter contre la pollution de l’air des navires, et réduire les pluies acides qui s’abattent sur notre mer et notre littoral. Une décennie après l’Amérique du Nord, après les Caraïbes, la Baltique, la mer du Nord ou de Chine, il est urgent d’agir. Par cet appel, nous voulons porter la voix des citoyens qui vivent en première ligne sur toutes les rives de la Méditerranée, et peser sur les discussions qui auront lieu dans quelques mois.

Nous, maires des villes et ports méditerranéens, ne pouvons plus accepter la pollution massive engendrée par la circulation de navires obsolètes et dangereux, qui nuit gravement à la santé des populations, contribue au réchauffement climatique, participe à la perte de la biodiversité et mine l’attractivité de nos territoires.

Nous savons l’engagement, sur ces sujets, des ONG et des acteurs de la société civile, qui sont aux avant-postes des solutions, et des armateurs, qui pour certains sont en avance et arment des navires beaucoup plus respectueux de l’environnement et de la santé.

Nous demandons à l’Organisation Maritime Internationale d’approuver la mise en place de la zone de réglementation en Méditerranée. 

Nous demandons à nos Gouvernements d’accélérer le processus actuel pour aller plus rapidement vers une zone ECA, réglementant non seulement les émissions de soufre et de particules, mais aussi les oxydes d’azote, dont la dangerosité est largement démontrée.

Nous le faisons par responsabilité vis-à-vis de la nature et de nos concitoyens, qui n’ont pas à être les victimes de ces pollutions.

Nous le ferons ensemble et avec tous les acteurs qui créent, innovent, militent pour protéger notre Méditerranée, pour protéger le vivant. Nous sommes convaincus que nous pouvons être la solution. Autour de notre mer Méditerranée, comme dans le monde, il est temps d’agir pour tourner la page de l’irresponsabilité écologique. "

 

Les 25 maires signataires

  • Souad Abderrahim, maire de Tunis (Tunisie)
  • Luis Barcala, maire d’Alicante (Espagne)
  • Kamel Ben Amara, maire de Bizerte (Tunisie)
  • Marco Bucci, maire de Gênes (Italie)
  • Michaël Delafosse, maire de Montpellier
  • Francisco Manuel de la Torre Prados, maire de Malaga (Espagne)
  • Mustapha El Bakkouri, maire de Tétouan (Maroc)
  • Mounir Elloumi, maire de Sfax (Tunisie)
  • Mohamed El Sherif, gouverneur d’Alexandrie (Égypte)
  • Christian Estrosi, maire de Nice ; Hubert Falco, maire de Toulon
  • Mato Frankovíc, maire de Dubrovnik (Croatie)
  • Hassan Ghamrawi, président de la communauté urbaine d’Al Fayhaa (Liban)
  • José Francisco Hila Vargas, maire de Palma (Espagne)
  • Mohamed Ikbel Khaled, maire de Sousse (Tunisie)
  • Francesco Italia, maire de Syracuse (Italie)
  • Jamal Itani, maire de Beyrouth (Liban)
  • Mounir Lymouri, maire de Tanger (Maroc)
  • Nicos Nicolaides, maire de Limassol (Chypre)
  • Leoluca Orlando, maire de Palerme (Italie)
  • Benoît Payan, maire de Marseille
  • Ivica Puljak, maire de Split (Croatie)
  • Pau Ricomá Vallhonrat, maire de Tarragone (Espagne)
  • Christian Santos, maire de Gibraltar (Royaume-Uni)
  • Riad Yamak, maire de Tripoli (Liban).