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La statue de David, figure du paysage urbain marseillais et symbole

Il fait partie intégrante du secteur des plages du Prado, dardant son regard de marbre sur la ville. Figure familière pour les Marseillais, pleinement intégrée à cet espace balnéaire, au carrefour entre la promenade Georges-Pompidou, l’avenue Pierre Mendès France et l’avenue du Prado. Connaissez-vous son histoire ? Petit rappel de son aventure qui nous fait ouvrir une page de l’histoire de notre cité.

Il semble qu’il a toujours été là. Comme un repère, une balise, signant la fin de l’avenue du Prado et l’arrivée sur les plages. À Marseille, il est commun d’entendre – ou de dire ! - que l’on se donne rendez-vous « au David ». Mais son histoire est plus complexe qu’il n’y paraît.
 

Un don à sa ville du sculpteur Jules Cantini

C’est Jules Cantini qui offre cette statue à la Ville de Marseille en 1903 sous la mandature de Jean-Baptiste Amable Chanot (*). À l’époque, le sculpteur et mécène est au faîte de sa gloire, iI vient de participer aux travaux des nouvelles cathédrales de Notre-Dame de la Garde et de la Major…

La statue colossale (5,5 m) est la réplique du David de Michel-Ange. Le conseil municipal accepte le don par délibération du 19 septembre 1913. La sculpture est destinée au musée des Beaux-Arts, au Palais Longchamp. Quant au modèle en plâtre, il est déposé à l’École des Beaux-Arts (actuel Conservatoire de musique), place Carli. 
 

Qui est ce David ?

Figure biblique, David est un héros, un jeune berger vainqueur de Goliath, futur roi d’Israël. 

Relaté dans la Bible, le choc entre David et Goliath incarne l’allégorie de la résistance à l’oppresseur gigantesque par un homme animé de sa foi. David parvient à terrasser le géant Goliath grâce à une pierre expédiée à l’aide d’une fronde.

Plusieurs artistes s’emparent du sujet tout au long des siècles, Le Caravage, Donatello….

 

D’un David à l’autre, constance d’une allégorie politique

La statue originelle est réalisée par Michel-Ange entre 1501 et 1504. Véritable chef-d’oeuvre de la Renaissance, elle est haute de cinq mètres et issue d’un bloc en marbre de Carrare. Pendant plus de cinquante ans, ce bloc de marbre sera soumis à différents grands artistes, remisé à chaque fois car trop difficile à travailler.

Lorsque Michel-Ange s’y attelle, il joue sur les contraintes pour les transformer en atout. La période est cruciale. En effet, la jeune république florentine souhaite marquer sa force et son indépendance après le despotisme de la période des Médicis et l’intransigeance religieuse du mystique Savonarole.

La statue achevée sera placée devant le palais de la Seigneurie (Palazzo Vecchio) dans l’espace public, comme pour signaler de façon monumentale, l’attachement républicain aux yeux de tous. David est aujourd’hui situé dans la Galerie de l’Académie de Florence.

On le comprend, cette statue de David symbolise l’attachement républicain, la témérité de s’opposer à l’envahisseur.

Sa position dans l’espace public marseillais date du 17 novembre 1951. La statue de huit tonnes et demi déménage du Palais Longchamp pour gagner son emplacement actuel qu’elle ne quittera plus.

Sous l’impulsion du maire Gaston Defferre, un grand réaménagement des plages du Prado est entamé, avec la création d’espaces de  déambulation. La Ville fait aménager de larges esplanades avec un parc balnéaire gagné sur la mer, ouvert aux Marseillaises et aux Marseillais à l’été 1977. Les plages prennent rapidement le nom de plage du David du fait de la présence de cette statue emblématique. 
 

(*) Jean-Baptiste Amable Chanot (1855-1920) maire de Marseille, député des Bouches-du-Rhône, membre de la Fédération républicaine. Durant son premier mandat, eut lieu la grande exposition coloniale de 1906 sur 24 hectares de terrains occupés par l’armée comme champ de manœuvres. Situé au rond-point du Prado, c’est notre actuel parc Chanot.