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L’allumage du chaudron : un spectacle olympique

C’est la première fois que l’arrivée de la Flamme Olympique dans le pays hôte fait l’objet d’une cérémonie d’accueil et d’une fête populaire d’une telle ampleur. Autre nouveauté, le temps des festivités marseillaises, cette Flamme Olympique sera logée dans un chaudron, en attendant qu’elle ne reparte pour les Relais olympiques à travers la ville le 9 mai, puis à travers la France entière - et même dans les Outre-mers - jusqu’à la cérémonie d’ouverture des 23e Jeux Olympiques et Paralympiques, le 26 juillet prochain.
Un autre chaudron olympique recevra alors la flamme, selon une scénographie tenue secrète jusqu’à la dernière minute.

 

Retour sur quelques allumages spectaculaires des cérémonies olympiques passées

C’est Pierre de Coubertin – fondateur des Jeux Olympiques de l’ère moderne –  qui propose le premier qu’une flamme soit allumée dans le stade lors des cérémonies d’ouverture des J.O. Ainsi, en 1928, la flamme brûle pour la première fois dans le stade d’Amsterdam.
Au fil des éditions, son arrivée dans le stade devient un moment crucial de la cérémonie d’ouverture, et le transfert de la flamme de la torche au chaudron olympique, un spectacle attendu de toutes et tous. 

 

 

Les derniers relayeurs de la flamme : une dimension symbolique

Si les Jeux d'Amsterdam sont les premiers pour la flamme, ils sont aussi ceux qui permettent enfin aux femmes de participer aux compétitions d’athlétisme et de gymnastique. Non sans opposition, notamment du baron de Coubertin lui-même, jugeant, dans un texte de 1912, la participation des femmes “impratique, inintéressante, inesthétique” et même “incorrecte”. Ce n’est donc pas un petit symbole quand, 40 ans après Amsterdam, aux Jeux de Mexico en 1968, une athlète mexicaine, Enriqueta Basilio, devient la première femme de l'histoire à être la dernière relayeuse de la torche olympique et à allumer la vasque. 

En 1976, les Jeux Olympiques d’hiver à Innsbruck en Autriche, comme ceux d’été à Montréal voient un homme et une femme allumer ensemble la vasque. Mais dans la cérémonie canadienne, la raison n’est pas celle de la représentation de l’égalité hommes-femmes. Sandra Henderson de Toronto et Stéphane Préfontaine de Montréal sont choisis pour symboliser les communautés anglophone et francophone du Canada. 

À Los Angeles en 1984, un autre symbole particulièrement fort se dégage à travers l’identité du dernier relayeur. Pour la première fois, c’est un athlète noir qui enflamme le chaudron olympique. Il s’agit de l’américain Rafer Johnson, champion olympique de décathlon en 1960, et plusieurs fois détenteur du record du monde dans cette discipline. 


Des personnalités marquantes pour un évènement sensationnel

Parmi les personnalités marquantes qui ont allumé le chaudron et, par leur identité, enflammé la cérémonie d’ouverture des Jeux : Mohamed Ali en 1996 et Cathy Freeman en 2000. À Atlanta, le multiple champion du monde de boxe dans la catégorie poids lourds, champion olympique en 1960, véritable légende vivante, émeut le monde entier en dévoilant la maladie de Parkinson dont il est atteint. Il brandit d’une main tremblante la torche olympique avant d’embraser le chaudron. 
À Sydney, en 2000, l’athlète Cathy Freeman porte la flamme à travers un spectaculaire cercle d’eau. Descendante des “générations volées” – ces enfants aborigènes arrachés à leur famille pour être élevés dans des missions religieuses – elle a été choisie pour montrer la volonté de réconciliation et de réparation du gouvernement australien à l’égard des peuples aborigènes. Vainqueure du 400 mètres, elle sera d’ailleurs exceptionnellement autorisée à faire son tour d’honneur drapée de deux drapeaux, australien et aborigène.  


L’allumage du chaudron : le clou du spectacle 

Si la personnalité du dernier relayeur est souvent hautement symbolique, le moment où la vasque olympique s’enflamme marque le point culminant des cérémonies d’ouverture. Les organisateurs rivalisent d'ingéniosité et de créativité pour mettre au point la façon la plus spectaculaire d’allumer le chaudron olympique. 

Plusieurs méthodes sont utilisées : en allumant directement la vasque, ou en enflammant un objet intermédiaire qui rejoint le chaudron. Ce dernier surplombant généralement le stade olympique. Beaucoup de Français se souviennent d’un enfant arrivé dans le stade main dans la main avec Michel Platini, allumant un câble qui conduit la flamme jusqu’au chaudron des J.O d’hiver d’Albertville de 1992. 

La même année se déroulent aussi les Jeux Olympiques d’été de Barcelone qui offrent un des allumages les plus mémorables. C’est un archer handisport, Antonio Rebollo, qui a la lourde responsabilité d’embraser la vasque. Le stade de Montjuïc est rempli de milliers de personnes. L’archer vise avec une flèche en feu, conçue spécialement pour qu’il ne puisse pas se brûler. Plongé dans le noir, devant les spectateurs qui retiennent leur souffle, il décoche un tir qui se loge au fond du chaudron olympique.  

À Athènes en 2004, c’est la vasque, en forme de torche, qui se penche pour venir cueillir la flamme du dernier relayeur, tandis qu’à Pékin, pour les Jeux d’été suivants, le gymnaste chinois Li Ning, sextuple médaillé à Los Angeles, livre un véritable numéro d’acrobatie. Suspendu à l’horizontale par trois câbles, il fait le tour du stade, comme s’il courait dans l’air, avant d’allumer le câble qui enflamme la vasque. 

On retrouve ce sens du spectacle dans les J.O de Londres. Même la reine d’Angleterre y participe, en jouant son propre rôle, dans un court métrage spécialement imaginé pour la cérémonie, et acceptant pour la première fois, d’apparaître dans une fiction. Elle accueille à Buckingham Palace l’agent 007, incarné par l’acteur Daniel Craig, qui l’escorte dans un hélicoptère. Les effets spéciaux nous laissent croire que l’agent secret et Sa Majesté sautent de l’appareil au-dessus du stade. La cérémonie londonienne est un hymne à la culture pop britannique. Le dernier porteur de la flamme est l'iconique joueur de football David Beckham et c’est Paul McCartney qui clôture les festivités. La vasque anglaise reste aussi dans les mémoires, composée de 205 pétales de cuivre, comme le nombre de nations représentées. 

Pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, le spectacle commence dès le 8 mai, avec l’arrivée de la flamme à Marseille sur l’historique trois-mâts le Belem. Le plus grand voilier de France sera escorté dans la rade de Marseille par un millier de bateaux.