DES DÉBUTS HÉSITANTS
Elle appartient comme ses voisines à l’agrandisse-
ment de Marseille voulu par Louis XIV en 1666. Il
triplait par l’est et le sud, la superficie d’un territoire
urbain s’étendant jusqu’alors, pour l’essentiel, au
nord de son port et qui se trouva redéfini par l’édifi-
cation de nouvelles murailles, dont celles dressées
autour de l’Arsenal.
Vaste et problématique chantier que de tracer et
organiser des voies nouvelles au travers d’espaces
encore ruraux, ponctués de façon anarchique de
jardins, de domaines, de constructions isolées :
chapelles, couvents, hôtels particuliers… Et de se
heurter aux résistances des propriétaires terriens.
La ville neuve émergea peu à peu, mettant une
centaine d’années pour prendre réellement forme,
dans la seconde moitié du XVIII
e
siècle. A défaut
de la Grande place royale souhaitée par Puget, elle
possédait alors un Cours en pleine maturité et une
série de rues «baroques» se déversant sur une
Canebière qui, après avoir longtemps butté contre
l’enclos de l’Arsenal, touchait enfin au port vers
1785. Elle allait prendre toute son importance avec
le nouveau siècle.
Cœur d’une «trilogie religieuse», entre rue de
Rome et rue Paradis, la rue Saint-Ferréol, née en
1693, doit son nom à une chapelle située à l’angle
de la rue Grignan et dont le vocable fut ensuite
repris par la grande église paroissiale érigée à son
extrémité sud entre 1716 et 1740. L’édifice bornait
l’extension de la voie vers le sud, alors que ses
deux sœurs, les rues de Rome et Paradis, prolon-
gées par des chemins dans les faubourgs de la ville,
manquaient d’unité, de même que la Canebière et
ses prolongements.
Munie de trottoirs et pavée dès 1731, partielle-
ment reconstruite et mieux alignée vers le milieu
du XVIII
e
siècle, la rue Saint-Ferréol trouva enfin
une cohésion sous Louis XVI, du moins sa partie
nord, qui restait encore, trente ans plus tard, la
plus fréquentée.
MARSEILLE AU LONG DES RUES
SAINT-FERRÉOL :
LA RUE DE TOUS
LES COMMERCES
(1)
PAR
PIERRE ÉCHINARD
De l’Académie de Marseille
I
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I
LA RUE SAINT-FERRÉOL
Affluent de la Canebière, au sein d’un quadrillage de voies principales et
secondaires débouchant sur les grands axes majeurs des Cours et de la
Canebière, la rue Saint-Ferréol tient une place à part au cœur de Marseille
et des Marseillais.
NOTES
[1]
Les dates d’activité des établissements dans la rue Saint-Ferréol données entre parenthèses ne sont pas toujours leurs dates extrêmes
d’existence, mais elles situent pour le moins une période de présence avérée.
© MUSÉE D’HISTOIRE DE MARSEILLE
LAITIÈRES PLACE SAINT-FERRÉOL, ENTRE 1839 ET 1864. LITHOGRAPHIE DE RAIBAUD
ÉDITÉE PAR PRISTON.