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dames», «musiciens», «Le soldat et l’ouvrier jouant

à la Choque». Son fils, Etienne Antoine Amable,

«artiste photographe» établi au n°34 entre 1845

et 1859, était peut-être l’auteur de ces vues. Lui et

son beau-frère, l’opticien Santi (au n°6), collabora-

teur à la revue photographique

La Lumière

, furent

parmi les tout premiers à opérer à la rue Saint-

Ferréol, qui ne tarda pas à devenir la rue favorite

des photographes.

Des années 1840 à 1914, plus d’une centaine

d’entre eux s’y succèdent dans des ateliers situés

le plus souvent au rez-de-chaussée avec jardin ou

au dernier étage et orientés au nord, pour mieux

exploiter la lumière du jour. Certains, particulière-

ment bien placés ou aménagés, passent de main

en main, tels les n°34, 38, 40 ou 50. Le portrait

représente la partie la plus rémunératrice de leur

activité. La création en 1860 de la société de Pho-

tographie de Marseille annonce l’âge d’or d’une

réussite éclatante dont Camille Brion (1866-1911),

successivement aux n°34, 38 puis 73-75, et les

frères Marius et Henri Cayol, miroitiers de leur

état au n°50, puis au n°40 (1865-1885, 1886-1892)

comptent parmi les figures les plus marquantes

(3)

.

Camille Brion avait pour clients spécifiques les

prêtres, les artistes, les membres de l’Académie de

Marseille… et les prisonniers, il s’illustra aussi par

des vues de la ville. Son dernier studio aux n°73-75

(1880-1911) était un modèle du genre. Les frères

Cayol rivalisaient avec lui dans leur dernier salon

de 50 m

2

au n°40. Portraitistes, ils pratiquaient

aussi la stéréoscopie, les projections, les prises de

vue aériennes en ballon. Leur clientèle comptait

nombre de célébrités politiques et artistiques dont

héritèrent leurs successeurs Cooper puis Fabre.

Cayol, Cooper et Fabre travaillèrent pour la presse

artistique (

Marseille artiste, le Monde artistique,

l’Album

) qui utilisait des photographies collées sur

la page imprimée ; puis vint la presse quotidienne

avec, vers la fin du XIX

e

siècle la reproduction

directe des photographies. Peintre puis inventeur

et négociant en matériel photographique (plaques

au gélatino-bromure) et, un temps, adjoint au maire

de Marseille, Jules Rigaut exerça au 62 rue Saint-

Ferréol de 1874 à 1888.

Suivant de près la mode, servant les notables, fré-

quentant les artistes, le monde des photographes

était au cœur de la vie culturelle marseillaise. C’est

ainsi que le Cercle artistique naquit en octobre

1867 de la rencontre dans le salon de pose des

Frères Cayol, au 5

e

étage du 50 rue Saint-Ferréol,

d’un groupe d’artistes, négociants, journalistes,

enseignants et médecins entourant le peintre

Maglione, les savonniers Charles-Roux et Arna-

von, et l’équipe du journal le

Sémaphore

. Il fallait

trouver un lieu de réunion, de concert et d’exposi-

tion suffisamment vaste. Ce fut, au 40 rue Saint-

Ferréol, l’ancienne salle Boisselot, déjà occupée

quelques années plus tôt, de 1846 à 1853, par le

Cercle musical.

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NOTES

[3]

Parmi les autres studios réputés de la rue Saint-Ferréol, figurent au n°8, l’opticien Louis Dodero (1848-1855) et ses cartes de visite pho-

tographiques, au n°48, le peintre-portraitiste Joseph Brion d’Orgeval (1847-1885), père de Camille Brion, au n°40, Jean Henri Fabre (1895-1903), le

négociant Jean-Baptiste Melchion, (1868-1876) aux 14-16A dans l’immeuble de Collé-Vérane (1859-1900), marchand de tableaux et fabricant de vues

stéréoscopiques ou encore Emile Lacour (1876-1904) aux n°61, 71 puis 52, qui reste, quant à lui, célèbre pour ses cartes postales… Gisèlle et André

Ravix ont établi dans

Le Marseille des Photographes

, Sira Productions, 2014, un relevé systématique des photographes marseillais de 1848 à 1914.

DOS DE CARTE-PORTRAIT DE PHOTOGRAPHIES.

© COLLECTION ANDRÉ ET GISELLE RAVIX