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300 000 habitants pour le centre). La décroissance

des densités est relativement régulière du centre

vers les périphéries ; plus forte dans les vallées, plus

faible sur les interfluves et sur le piémont bordier.

Un réseau de tramway à structure radiale

Le tracé des lignes électrifiées vers 1900 a deux

fonctions essentielles. La première est de faciliter

les déplacements à l’intérieur du périmètre central

qui a connu une grande extension dans la seconde

moitié du XIX

e

siècle, conséquence de la forte aug-

mentation de la population qui double en un demi-

siècle (environ 200 000 habitants vers 1850 ;

500 000 habitants à la veille de 1914). Les déplace-

ments se font depuis les quartiers ouvriers de la

première couronne vers les marchés urbains, vers

les lieux de loisirs (théâtres, cinémas), vers les rues

à forte concentration de commerces de la personne

et, de la maison, vers les cours et places de prome-

nade. La seconde fonction est d’assurer les liaisons

entre les noyaux villageois de la deuxième couron-

ne (la banlieue maraîchère et laitière) vers le centre.

Les lignes depuis les

terminus périphériques,

convergent en épis vers

les points de confluence

des rivières (Saint-Just /

Chartreux ; Arenc /

Plombières ; Saint-

Pierre / Capelette) où sont installés les garages et

ateliers dumatériel roulant. Plusieurs lignes desser-

vent également le littoral de l’Estaque à laMadrague

de Montredon, très fréquenté par les touristes, les

pêcheurs et les familles le dimanche. Toutes les li-

gnes traversent le centre-ville. Elles ont leur termi-

nus sur les places et les cours situés à l’orée du qua-

drilatère à plus forte centralité (Castellane, Préfec-

ture, cours Saint-Louis et cours Belsunce, Cane-

bière, Réformés, Porte d’Aix) et desservent les rues

à forte densité de commerces à caractère exception-

nel (Canebière, rue de Rome, rue Saint-Férréol, rue

Paradis). Au début du XX

e

siècle, la Canebière,

principale artère de promenade, est empruntée par

27 lignes. Les usagers du tramway sont les «petites

gens», ouvriers, employés, les élèves des lycées et

des collèges, les étudiants des facultés. Le trafic glo-

bal atteint un record dans les années 1930, avec 170

millions de voyageurs, chiffre que l’on retrouvera

dans les années 1950.

La politique du «tout autobus»

Les jours du tramway sont comptés à partir des an-

nées 1945-1950, parce que la diffusion urbaine

dans la banlieue encore rurale met le réseau de

tramway dans l’incapacité de répondre aux attentes

des premiers résidents «périurbains» en matière de

circulation alternante : fréquence, rapidité, confort,

modernité des moyens de transport. Les pouvoirs

publics, à l’image du maire Gaston Deferre, à

l’écoute des idéologies de la société locale, évoquent

le système désuet du tramway et se prononcent

pour son remplacement par les trolleybus électri-

ques et par les autobus à moteur. Le tramway, sur

des lignes à voie unique ou en l’absence générale

de «sites propres», est une gêne pour la circulation

automobile qui connaît un développement extrê-

mement rapide à partir de 1960. Le «tout autobus»

est le corollaire du «tout voiture», dans une période

où le prix du pétrole est très bas, jusqu’aux «chocs

pétroliers» des années 1970.

La transition entre le tramway et l’autobus a été réa-

lisée pendant une dizaine d’années par des trolley-

bus électriques, sur pneus, plus rapides, plus fia-

bles, moins coûteux à l’achat. Ils remplacent sans

difficulté le tramway sur certaines lignes de ban-

lieue, mais au centre-ville, les aiguillages aériens et

les croisements de ligne sont la cause de grands em-

bouteillages de circulation. De 1960 à 1977, date

de la mise en service de la première ligne de métro,

l’autobus règne de manière absolue, à l’exception

d’une seule ligne de tramway survivante, celle du

68, de Noailles sur la

Canebière au dépôt de

Saint-Pierre. Le dessin

général des lignes de

«bus» reprend le schéma

du transport par rail. Les

avantages semblent

l’emporter sur les coûts liées à une rotation plus

rapide des véhicules : allongement des lignes radia-

les en fonction de l’extension de l’urbanisation

jusqu’aux premières pentes des collines marseillai-

ses ; création de lignes transversales dans la couron-

ne interne ; plus grande fluidité de la circulation

dans l’hyper-centre… En conséquence, le nombre

de lignes et la longueur totale du réseau augmen-

tent d’un tiers entre 1960 et 1977. Au schéma en

patte d’oie du début du siècle succède, dans les an-

nées 1970, un plan plus orthogonal du réseau en

centre-ville et dans la première auréole péricentrale.

Le renouveau du rail à Marseille

L’explosion démographique

de l’agglomération marseillaise

Entre 1960 et 1975, de puissants processus socié-

taux bouleversent l’agglomération marseillaise et

viennent contrarier les espoirs placés dans l’autobus

pour résoudre les flux de circulation des personnes.

Le premier est la forte croissance démographique

de l’agglomération à l’image de toutes les grandes

villes française. De 650 000, le peuplement du bas-

sin de Marseille passe à 950 000 habitants, soit 1/3

d’augmentation, avec pour corollaire une nouvelle

répartition résidentielle dont le moteur est la diffu-

sion pavillonnaire dans la périphérie la plus exter-

ne. Cette dynamique de périurbanisation de la se-

conde couronne, au pied des collines bordières du

bassin géologique, est sous-tendue par le déverse-

La transition entre le tramway

et l’autobus a été réalisée pendant

une dizaine d’années par des trolleybus

électriques, sur pneus…