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Le tramway quai du Vieux-Port

Le rail a connu à plusieurs re-

prises de grands perfectionne-

ments pour s’adapter aux

transformations d’une société

encore rurale au XIX

e

siècle,

aujourd’hui urbanisée à plus

de 85 % et ouverte sur l’Eu-

rope et la Méditerranée, dont

les idéologies en matière de

transport et de circulation ont

radicalement changé dans le

dernier tiers du XX

e

siècle.

Le tramway

dans l’agglomération

marseillaise

Centre et banlieues

au début du XX

e

siècle

A la veille de la Première

Guerre mondiale, le rail se

confond avec le réseau du

tramway pour les déplace-

ments à l’intérieur des bassins

géographiques de Marseille,

d’Aubagne et d’Aix-en-Pro-

vence. C’est l’âge d’or du tram-

way. On distingue les lignes de

plaisir (loisirs) qui desser-

vaient le littoral (pêche, bai-

gnades, cabanons du bord de

mer), lesmontagnes bordières

(chasse et «villas» en lisière de

la forêt méditerranéenne) ;

celles des affaires vers les lieux

d’activités du centre-ville ; cel-

les des «banlieusards» qui

desservaient les quartiers in-

dustriels et les villages ruraux

du terroir marseillais.

La ville est centrée, Le centre

correspond aux quartiers

d’habitations continues et

denses. Il est enveloppé par

une première couronne, dite

interne, où les maisons basses

s’alignent sur rue et s’étirent

en longues digitations le long

des thalwegs des rivières. Ce

sont des quartiers populaires

à dominante ouvrière. Les usi-

nes agro-alimentaires, métal-

lurgiques, chimiques se locali-

sent autour des gares de la

compagnie P.L.M. (Paris-

Lyon-Méditerranée). Au-delà,

s’étendent les terres agricoles

et les villages groupés ou

linéaires, peuplés de petits

commerçants, d’artisans et

ouvriers, d’agriculteurs. C’est

la couronne externe appelée

banlieue, à fonction maraî-

chère et laitière, depuis l’ar-

rivée de l’eau du canal deMar-

seille. Au-dessus du canal de

Marseille s’étendent les terres

au sec et les restanques amé-

nagées sur le piémont des

montagnes et des collines bor-

dières. Cette belle ordonnance

est interrompue au droit du

massif d’Allauch par le plateau

de tufs et de cailloutis plio-

cènes de Beaumont-Saint-

Barnabé-les Caillols qui sépa-

re le thalweg du Jarret de celui

de l’Huveaune.

Les argiles du bassin géologi-

que de Marseille sont profon-

dément entaillées par des ri-

vières. Les thalwegs ont orien-

té le dessin des réseaux de cir-

culation depuis le Moyen-

Age : au nord, le ruisseau des

Aygalades qui a ouvert le col

de Saint-Antoine dans l’en-

sellement entre le massif de

l’Etoile et le massif de la Ner-

the ; à l’est, le ruisseau du Jar-

ret qui coule depuis la zone de

failles entre le massif de

l’Etoile et celui d’Allauch; au

sud, le fleuve Huveaune qui

draine la plaine de Gémenos

et d’Aubagne depuis le versant

septentrional de la Sainte-

Baume.

Dans ce cadre topographique,

l’agglomération de Marseille

(qui comprend les communes

d’Allauch, de Plan-de-Cu-

ques, de Septèmes-les-Val-

lons, de Saint-Menet) compte

environ 600 000 habitants en

1936 et 1946. Un certain

équilibre du peuplement exis-

te entre le centre et les couron-

nes périphériques (environ

4

PROLOGUE

L’étude de la place

du rail dans le

territoire à toutes

les échelles,

de l’agglomération

de Marseille à l’aire

urbaine de Marseille-

Aix-en-Provence et à

la région métropolisée

sud-méditerranéenne,

conduit

nécessairement à

analyser les

mutations de la

société provençale.

RAIL, SOCIÉTÉ, TERRITOIRE

Métro Rond-Point du Prado. Station des bus desservant les quartiers sud

©ArchivesMunicipales -19 fi157

© SCHEFER

Par Lucien Tirone

Géographe