127
Marseille
Marseille
La disparition de Suzy Fouchet, le 13 décembre 2006, à l’âge de 86 ans,
a profondément attristé tous ceux qui à Marseille ont suivi son action à
la tête du Festival de musique de Saint-Victor, comme dans le domaine
cultuel, indissociables dans son esprit. Ainsi, quatre ans après Geneviève
Deltort, s’éteint l’autre «dame de Saint-Victor» petite femme dynamique
dont la personnalité toujours souriante, la qualité de la présence, la fidélité
dans l’amitié restent dans les mémoires et les coeurs. Les souffrances ces
dernières années n’auront en rien affecté son image. Elle était née le 27
mars 1920 à Philippeville, en Algérie. Ses parents étaent originaires de
Marseille. Son père M. Salvat avait dirigé les Tuileries de l’Estaque avant
de partir pour l’Algérie où il dirige une nouvelle usine à Philippeville. Sa
fille, à l’âge de 20 ans, interrompt ses études pour devenir fondée de pou-
voir de l’entreprise, créant elle-même une fabrique d’ébauchoirs de
bruyère (entrant dans la fabrication des pipes). Elle avait fondé la Jeunesse
étudiante chrétienne. En 1945, elle se marie avec Jean Fouchet, officier
de l’Armée de Terre. Avant sa mutation, elle rejoint Marseille en 1955
avec son fils Robert, sa fille Marie-George et sa mère. Elle ne reprend pas
ses activités professionnelles et se consacre au bénévolat. L’animation
culturelle de Saint-Victor avec le Chanoine Charles Seinturier, curé de la
paroisse, entre dans ce cadre. Elle crée en 1966 l’Association des Amis
de Saint-Victor et le premier Festival de musique afin de recueillir des
fonds pour la restauration de
l’Abbaye (en particulier celle des
grandes orgues) et pour la cons-
truction d’un maître autel dû au
maître compagnon Jean Bernard.
Elle anime inlassablement les
premières années du festival, re-
jointe plus tard par Geneviève
Deltort, avec laquelle elle va former
le fameux tandem des «Dames de
Saint-Victor». Le festival sera
pluridisciplinaire, une des clés de
son succès. Il faudrait citer toutes
ses grandes heures que Geneviève
Deltort a d’ailleurs consignées dans
un ouvrage. On y retrouvait aussi bien Jean-Christian Michel, (à l’origine
du festival), des ensembles sud américains, le flûtiste de Pan Gheorghe
Zamfir, le Golden Gate Quartet, les Stars of Faith que les «classiques»
tels Michel Corboz, de prestigieux organistes comme MarieClaire Alain
(un des «moments» aussi : la restauration de l’instrument du temps de
la municipalité Gaston Defferre), le trompettiste Maurice André… Et la
mémorable série consacrée à des compositeurs contemporains vivants
ou disparus ; Pierre Henry, Olivier Messiaen, André Jolivet, Henri Tomasi,
Henri Sauguet, Jacques Charpentier, Xénakis, Charles Chaynes, Lucien
Guérinel…Suzy Fouchet a été un des membres fondateurs de la commis-
sion diocésaine Foi et Culture aux côtés de Jean-Pierre Ellul, nouveau
curé de Saint-Victor, Des distinctions sont venues reconnaître son action
au titre des Affaires culturelles; Chevalier des Arts et Lettres, Chevalier
de l’Ordre national du Mérite, remis par Jean-Claude Gaudin, alors mi-
nistre de la Ville, Médaille de la Ville par le maire Robert Vigouroux. Elle
était présidente honoraire depuis 1994. Les «Dames de Saint-Victor» ne
sont plus là. Mais puissent- elles continuer à inspirer celles qui leur ont
succédé : Maryse Bernard, présidente, Lydia Peaureaux, vice-présidente,
en bonne harmonie avec le Père Pierre Brunet, curé de la paroisse.
Georges Gallician
Suzy Fouchet
musique
©DROITSRÉSERVÉS
(1920-2006)