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Il y a 50 ans, le TQM
A l’heure où Marseille s’apprête à
postuler au titre de capitale euro-
péenne de la culture 2013, il n’est
pas sans intérêt de s’arrêter un ins-
tant sur l’aventure culturelle
d’exception qu’elle vécut, il y a cin-
quante ans, avec la création du
TQM, lorsque, entre 1956 et 1964,
le Théâtre Quotidien de Marseille,
sous la houlette de Michel Fontay-
ne et Roland Monod, tenta de
sédentariser dans nos murs son
chariot de Thespis. Abondamment
illustré et parsemé d’encadrés bio-
graphiques sur les artistes et tech-
niciens qui participèrent à cet essai
de décentralisation théâtrale,
l’ouvrage de Jacqueline Dellatana
et Georges Guarracino détaille sai-
son par saison les spectacles offerts
par cette troupe pionnière de jeu-
nes talents, dont beaucoup tels An-
toine Vitez, Catherine Rouvel, Mi-
chel Raffaelli et d’autres encore ont
connu depuis un épanouissement
national. Les changements de
lieux, les arcanes administratifs, les
affres financières, les risques
d’incompréhension face à un pu-
blic et une critique parfois réti-
cents, mais les triomphes aussi,
l’espoir vite déçu d’ouvrir à Mar-
seille une Maison de la Culture
(c’était au temps de Malraux), le
courage et l’abnégation de Michel
Fontayne, son repli final dans ses
chères Cévennes au milieu des
chèvres et des chevaux, donnant
dans les fermes amies les veillées
poétiques de son «Théâtre Quoti-
dien des Montagnes» : autant de
souvenirs et de leçons à retirer de
ce qui pourrait être en soi l’objet,
pourquoi pas, d’une passionnante
pièce de théâtre comme le TQM les
aimait.
Pierre Échinard
Côté cour, côté soleil,
théâtre quotidien de Marseille
(1956-1964)
par Jacqueline Dellatana
et Georges Guarracino
Ed. Transbordeurs-Via Valeriano bis
2006, 111 pages, 18 euros.
Marseille en capitale
Pour l’historien du siècle passé et
de sa vie quotidienne, quoi de plus
précieux pour éclairer son savoir
livresque que les innombrables
cartes postales éditées depuis les
années 1890 ? Les informations
qu’on y puise ne sont pas simple-
ment anecdotiques, elles restituent
des moments vrais de la vie mar-
seillaise, elles permettent de re-
trouver dans leur jus les monu-
ments, les rues, les places, les
traverses campagnardes, mais aus-
si les instantanés d’événements
plus « historiques » tels que les vi-
sites des princes de ce monde. La
dernière publication du « Club des
cartophiles » touche, elle, à un
moment fort de l’histoire de Mar-
seille en commémorant le cente-
naire de l’Exposition coloniale de
1906 : l’occasion pour Marseille de
se hisser au rang des capitales du
monde en se posant comme la Ca-
pitale des colonies. Loin de «dou-
blonner» avec le catalogue conçu
par les Archives Municipales, la
publication des cartophiles offre
une approche de détail d’une in-
comparable richesse, traquant, au-
delà des principaux pavillons, de
leur décor intérieur et de leurs vi-
siteurs de prestige, le moindre
stand publicitaire et ses vignettes-
souvenir comme les multiples at-
tractions de cette gigantesque foire
qui tint Marseille en haleine pen-
dant sept mois parce qu’elle lui ra-
contait les rêves et les réalités d’une
aventure coloniale qui était provi-
soirement pour elle synonyme de
prospérité.
P. E.
1906, Marseille,
Capitale des colonies
par Gérard Baudin
Ed. Club des Cartophiles Marseillais,
2006, 166 pages. 274 illustrations,
22 euros (+ 4 euros de frais de port).
S’adresser à Club des cartophiles
Marseillais, 105, rue Terrusse,
13005 Marseille.
Tous à l’expo !
Parmi les centenaires marseillais à
commémorer, celui de l’Expo-
sition coloniale de 1906 est parti-
culièrement symbolique de la pla-
ce majeure que l’outre-mer
colonial a tenue pendant un siècle,
tant dans les affaires que dans
l’imaginaire du grand port médi-
terranéen. En prenant sur elle de
monter de ses propres deniers la
première exposition française en-
tièrement consacrée aux colonies,
Marseille réalisait en quelque sor-
te, au terme de longs préparatifs,
son Exposition Universelle, une
monumentale «leçon de choses»
pour le grand public, convoquant,
tout à la fois, à la barre de son auto-
glorification, le politique, l’écono-
mique et le commercial, les scien-
ces, les arts et les festivités. C’est
ainsi qu’en quelques mois près de
2 000 000 de visiteurs (un vérita-
ble succès) purent s’amuser et rê-
ver aux horizons lointains, tout en
cultivant la fiertémarseillaise d’être
l’alpha et l’oméga de l’aventure co-
loniale française. Une riche icono-
graphie et de nombreux docu-
ments d’archives souvent inédits
ont permis aux auteurs de faire re-
vivre avec pertinence ce moment
de triomphe qui, passé la première
guerre mondiale, connut, toujours
àMarseille, une éclatante réédition
en 1922, avant d’être, pour une ul-
time fois, mis en perspective par la
Capitale, en 1931, entre folklorisa-
tion de l’indigène et reconnaissan-
ce culturelle.
P. E.
Les expositions coloniales
de Marseille 1906 et 1922
Désirs d’ailleurs, publication des
Archives Municipales de Marseille
Ed. Alors hors du Temps
2006, 139 pages, 26 euros.