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La Provence
du 23 avril 1999 titrait déjà sur cinq
colonnes, en première page… et sans point d’inter-
rogation final :
« Aix-Marseille : une seule université
d’ici cinq ans. »
Le journal marseillais rapportait les
propos de Guy Aubert, président national des comi-
tés du pilotage des universités. Celui-ci venait de
recommander aux présidents des trois universités
d’Aix- Marseille de
« ne pas rater le train de l’Univer-
sité du troisième millénaire »
. Il ajoutait :
« La France
vous regarde, vous avez la possibilité de devenir
en cinq ans la première grande université de taille
européenne »
.
Douze ans plus tard, le 26 août 2011, paraissait
enfin au
Journal Officiel
le décret de création au
1
er
janvier 2012 d’Aix-Marseille Université, regrou-
pant Aix-Marseille I (université de Provence),
Aix-Marseille II (université de la Méditerranée) et
Aix-Marseille III (université Paul-Cézanne), trois uni-
versités nées des diverses réorganisations opérées
dans la seconde moitié du XX
e
siècle.
Dans Aix-Marseille Université, les secteurs Santé et
Sciences et Technologie dépendent en grande par-
tie des strutures d’enseignement et de recherche
attachées à Marseille. C’est le résultat d’un long
processus d’émergence, aux XIX
e
et XX
e
siècles,
des deux facultés marseillaises de médecine et des
sciences dont il nous a paru bon de retracer ici les
premières étapes.
CINQUANTE ANS D’EFFORTS POUR
OBTENIR UNE FACULTÉ DES SCIENCES !
Lors de la réorganisation de l’enseignement supé-
rieur en France après la Révolution, Marseille,
pourtant chef-lieu des Bouches-du-Rhône depuis
1800, est écartée au profit d’Aix-en-Provence dont
la tradition universitaire remonte au XV
e
siècle.
Créée par un décrêt du 21 septembre 1804 et solen-
nellement installée dans le bâtiment de l’ancienne
université, l’école de droit d’Aix-en-Provence
devient faculté de droit en 1808, lors de la mise
MARSEILLE, MÉTROPOLE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UNIVERSITAIRE
Marseille
Souffrant de profondes rivalités locales ou régionales qui ont nui à son
développement, à son attractivité, à son rayonnement, Marseille, n’a
obtenu que tardivement l’implantation d’établissements universitaires.
Au terme de longues démarches, sa faculté des sciences n’est créée qu’en
1854 et celle de médecine et pharmacie, trois-quart de siècle plus tard, en
1930. Marseille s’est depuis largement rattrapée en développant nombre de
secteurs multidisciplinaires d’excellence regroupés en 2011 dans Aix-Marseille
Université. C’est aujourd’hui une des plus jeunes universités de France et aussi
la plus grande par le nombre de ses étudiants, de ses personnels et par son
budget. C’est également la plus grande université francophone. Le professeur
Yvon Berland en est le Président.
PAR
HENRITACHOIRE
De l’Académie de Marseille
UNE CONSTRUCTION
UNIVERSITAIRE LABORIEUSE :
DE L’ÉMERGENCE À LA FUSION*
NOTE
* Cet article reprend pour une bonne part les études que j’ai publiées dans le tome II de
Marseille 2600 ans de découvertes scientifiques
sur
« A la recherche d’un modèle universitaire » (p. 39 à 47) et « Les rivalités régionales » (p. 48 à 61).