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Revue Marseille n°269 : "L'Estaque et le bassin de Séon"

Le numéro 269 de la "Revue Marseille" s’intéresse à « l'Estaque et au bassin de Séon », un territoire riche d'histoire.

L'entité que recouvre le nom de Séon, attesté dès le Moyen Âge, correspond aujourd'hui à une division administrative remontant à la fin des années 1940 : le 16e arrondisement de Marseille regroupant les quartiers de Saint-André, Saint-Henri, l'Estaque et les Riaux. Aux confins nord-ouest de la commune et jouxtant celles du Rove et des Pennes-Mirabeau, ce territoire couvre une superficie totale de 16 km².
 

ÉDITORIAL
 

"Parmi nos grands écrivains, s’il y en a un qui évoqua admirablement l’Estaque et ses environs, ce fut Émile Zola. Dans sa nouvelle Naïs Micoulin née d’un séjour estival en 1877, il se plut à décrire le littoral creusé en larges échancrures « bordées d’usines qui lâchent, par moments, de hauts panaches de fumée. Lorsque le soleil tombe d’aplomb, la mer, presque noire, est comme endormie entre les deux promontoires de rochers, dont la blancheur se chauffe de jaune et de brun. Les pins tachent de vert sombre les terres rougeâtres. C’est un vaste tableau, un coin entrevu de l’Orient s’enlevant dans la vibration aveugle du jour. Mais l’Estaque n’est pas seulement cette échappée sur la mer ».

Une nature habitée, semblable à une peinture. Son ami Paul Cézanne l’avait déjà noté en comparant ses couleurs à celles d’« une carte à jouer. Des toits rouges sur la mer bleue » Sur les brisées de ces maîtres en leur genre, comme de celles des Monticelli et Guigou, les jeunes Renoir, Derain, Braque, Dufy, Marquet désireux de connaître les motifs d’expérimentation offerts par l’Estaque défrichèrent, leur tour venu, des voies à la modernité picturale. Dans le Bassin de Séon, ils purent observer à loisir la transformation des campagnes sous l’effet de la révolution industrielle. Longtemps, l’argile demeura une « terre nourricière » comme, pour leur part, les eaux du golfe. Cézanne n’alla-t-il pas jusqu’à écrire que l’Estaque était « la patrie des oursins » ?

Progressivement, les noyaux villageois au nord de Marseille se mirent à l’heure de la vapeur, formant une banlieue hérissée de hautes cheminées tubulaires où se pratiquait la métallurgie des métaux non ferreux et se fabriquaient des produits chimiques, des ciments. Pareilles activités attirèrent une main-d’oeuvre nombreuse qui trouva à se loger dans des maisons et des bâtiments surgis de nulle part. Déjà en 1878, l’historien Alfred Saurel prévoyait que « le jour où l’on voudra percer des rues et prescrire des alignements, l’embarras des architectes sera grand ». Il ne s’était pas trompé ! Ce « coin de Marseille » sut pourtant garder son charme, attirant les dimanches et jours fériés, des citadins en recherche de grand air, pêche, bains, balades en mer ou de nourritures méditerranéennes, certains allant jusqu’à s’y domicilier à la faveur du développement des transports en commun.

Après le percement du tunnel ferroviaire de la Nerthe, le plus long au monde en son temps, on se félicita de celui tant attendu du Rove en 1927, le plus grand canal maritime enterré : des performances techniques qui furent des fiertés nationales. L’agglomération marseillaise profita de l’évolution économique de cette bordure littorale, du labeur de sa population métissée, pour que s’affirme mieux encore la primauté du premier port de France, mais… tout a une fin, ou un devenir. Les usines et ateliers fermèrent à partir des années 1950, laissant cités ouvrières et bidonvilles, friches, carrières et pollutions.

Depuis, les sites, les quartiers et leurs habitants ont encore changé, sources d’inspirations pour d’autres regards artistiques de cinéastes, vidéastes, photographes, ainsi Guédiguian après Allio et Carpita, Debienne après Assier. Certaines traditions gustatives sont restées, tout comme la passion des activités nautiques, sportives et musicales. La grande et les petites histoires du bassin de Séon, vous allez les retrouver dans ce numéro. Un espace exploré après…, souvenez-vous, Longchamp en 2019 ou le Centre historique de la cité en 2018, et bien d’autres auparavant. Ainsi, il en va depuis 1936, de par la volonté d’Émile Isnard, l’archiviste de la Ville, fondateur de la revue Marseille. De nouvelles signatures ont rejoint ces derniers temps les rangs de nos contributeurs patentés, qu’il nous plait de remercier collectivement pour leurs textes éclairants. Grâce à eux, notre revue culturelle forte de ses 85 années d’existence, n’a pas fini de vous étonner !"

 

Patrick Boulanger
Directeur de la revue Marseille
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