Culture Culture

" La Nuit du Jazz" célèbre le bicentenaire du Conservatoire de Marseille

Dans le cadre exceptionnel de la célébration du bicentenaire du Conservatoire de musique de Marseille Pierre Barbizet
Marseille Jazz des Cinq Continents s'associe à l'évènement et propose "La Nuit du Jazz", vendredi 12 novembre, de 17h à 1h du matin, au Palais Carli (place Auguste et François Carli, 6e). 

Il s'agira d'une balade artistique avec Erik Truffaz et le Chœur Emelthée, Theo Croker quartet, Edward Perraud Trio, Raphaël Imbert, Anne Paceo, Célia Kameni et de nombreux autres invités.

En ouverture de la soirée, vous assisterez en direct à l’émission "Open Jazz" d’Alex Duthil et Nathalie Piolé. France Musique s’est associé au Conservatoire pour couvrir la totalité de l’évènement. Plus d'infos...

Découvrez l'ensemble de la programmation de "La Nuit du Jazz"
Téléchargez le flyer de l'évènement
 

Le conservatoire : un pan de l'histoire de Marseille 

Le 9 novembre 1821, un arrêté municipal décrète la création de l’École de Musique gratuite. Il y a 200 ans cette année !

Un établissement public dans lequel est dispensé un enseignement de toutes les disciplines musicales théoriques et pratiques, individuelles et collectives, ainsi que de l’art dramatique, regroupant plus de 90 enseignants et touchant plus de 1 600 élèves, résulte naturellement d’une tradition, d’une histoire.
 

Dans le sillage de la capitale…

Les projets de fonder à Marseille une école entièrement consacrée à la musique sont certainement aussi anciens que la pratique amateur dans la cité phocéenne, mais la fondation de ce qui va devenir le conservatoire de Paris va, par ricochet, peser d’un grand poids dans la fondation d’établissements similaires dans les grandes villes de France.

En 1800, le Consulat décide de créer des succursales de l’institution parisienne. Chaque grande ville de France tente alors de sensibiliser le pouvoir central aux besoins inhérents à la cité concernant la création d’un conservatoire délocalisé. Marseille entre alors dans ce que nous pourrions appeler "la course au conservatoire".

Il faudra attendre l’année 1819 pour que l’impulsion soit donnée à la création d’un conservatoire à Marseille.
 

L’ère Barsotti (1821-1852)

La création du conservatoire de Marseille devra beaucoup aux démarches et à l’inlassable énergie de Thomas-Gaspard-Fortuné Barsotti, musicien né à Florence (1786) et mort à Marseille (1862), auteur de romances pour voix et piano et professeur à ses heures. 
Le 9 novembre 1821, l’École de Musique gratuite est créée et Barsotti en est nommé directeur et administrateur, poste qu’il va conserver pendant trente années.

L’établissement prend ses quartiers au 45 rue d’Aubagne dans le bâtiment dit Immeuble Mossy, qui présente l’avantage de jouir de jardins attenants. Très rapidement, l’effectif passe à 96 élèves.
La direction énergique de Barsotti parvient à donner à l’institution un fonctionnement pérenne. 

En 1842, le conservatoire déménage au 40, allée des Capucines, dans les anciens locaux d’un commerce, Au Diable d’argent. L’ensemble est spacieux, le corps enseignant comprend maintenant quatre professeurs et les effectifs stables comptent une centaine d’élèves. 

En butte à des tracasseries et des luttes intestines de plus en plus accaparantes, Barsotti quitte ses fonctions au tout début de l’année 1852, laissant un établissement désormais bien implanté dans la ville.

Dès la rentrée 1852, Auguste Morel (1809-1881) est nommé et succède à Barsotti.
 

Une institution en plein essor (1852-1872) avec Auguste Morel


En 1852, le conservatoire de Marseille, que l’on désigne sous le nom d’École Communale de Musique, compte un personnel déjà beaucoup plus nombreux que trente ans auparavant.
L’épidémie de choléra de 1853-1854 va venir malheureusement éclaircir les rangs des élèves. La rentrée suivante verra le conservatoire réintégrer ses anciens locaux au 45 rRue d’Aubagne.
L’établissement est à présent reconnu au niveau national et sa réputation dépasse largement les limites de l’agglomération marseillaise.

Le 15 Août 1860, pour la venue du couple impérial à Marseille, les élèves du conservatoire prennent en charge la partie musicale d’une grandiose Messe du Sacre qui leur vaudra les félicitations de Napoléon III.  

Mais les tensions entre Auguste Morel et la municipalité ne cessent de croître.  Il quitte la direction du conservatoire en 1872.
 

Une période de transition (1872-1962) avec Henri Messerer, André Gouirand, Arthur Michaud et André Audoli

Le départ d’Auguste Morel laisse l’établissement dans une période un peu tourmentée. Henri Messerer (1838-1923), musicien de qualité, organiste de l’église Saint Charles, compositeur prolifique de musique sacrée, est nommé ensuite directeur. Il saura maintenir le cap d’une administration stable et ferme. 

Lui succède, au mois de Juin 1904, le critique et musicographe André Gouirand. Cet excellent musicien, violoncelliste à ses heures, continue la démarche mise en place par son prédécesseur.
La guerre de 1914-1918 viendra briser cet élan, et André Gouirand, déjà malade, disparaît cette même année, remplacé par Arthur Michaud.

Arthur Michaud ayant atteint l’âge de la retraite, c’est André Audoli (1899-1961), chef d’orchestre et pianiste renommé, qui est nommé au poste de directeur. 
 

Un élan vital (1963-1990) avec Pierre Barbizet

Lorsqu’en 1963, Pierre Barbizet (1922-1990), soliste et de concertiste, succède à André Audoli, il prend la tête d’un établissement solide dont les potentialités ne demandent qu’à s’épanouir encore.
Attentif à la qualité de l’enseignement et à sa diversification, il se lance dans la création d’une série de nouvelles classes.

Les lundis du conservatoire, concerts gratuits qui rassemblent élèves, enseignants et concertistes deviennent un rendez-vous de choix pour les mélomanes marseillais et s’ouvrent à tous les publics.
Le conservatoire devient, en plus de sa vocation pédagogique, un espace ouvert qui reçoit, pour les concerts, des auditoires qui ne sont plus seulement constitués d’élèves et de parents.

La hausse du niveau aboutira à l’obtention du statut de Conservatoire National de Région pour l’établissement. 
 

La tradition des musiciens à la direction du Conservatoire (1990-2019) avec Philip Bride 

La nomination de Philip Bride au poste de directeur après le décès de Pierre Barbizet en 1990 perpétue l’habitude de voir de véritables musiciens à la tête du Conservatoire. Violoniste
soliste, chef d’orchestre et pédagogue, ce dernier poursuit la politique de développement de l’institution.

Face à l’augmentation des effectifs, les cours décentralisés sont plus nombreux et le Conservatoire se déploie sur plusieurs lieux. Les concerts sont multiples, et proposent, outre les lundis du Conservatoire, qui prennent désormais place dans la salle Henri Tomasi du Palais Carli, de nombreuses auditions de classes ouvertes au public ainsi que des conférences thématiques dans la bibliothèque.
De nombreux projets rassemblent les différentes classes tout au long de l’année.

L’équipe actuelle compte, pour le versant enseignant, quelques 90 professeurs pour plus de 1 600 élèves. 

Depuis plusieurs années, le début du printemps est marquée par plusieurs journées "portes ouvertes" baptisées Conservatoire au présent, dans lesquelles des concerts et manifestations sont proposés sans discontinuer et même simultanément dans les salles du Conservatoire par tous les élèves et professeurs. 
Le Conservatoire participe, par le biais des professeurs et de son orchestre aux concerts du Festival de Musique Baroque qui se déroule tous les ans à l’automne, aux Nuits Musicales qu’accueille la cour intérieur du Palais Carli au début de chaque été. 
 

Tourné vers l'avenir

La nomination de Raphaël Imbert, musicien de jazz, artiste virtuose, chercheur et improvisateur de talent, pédagogue, à la carrière artistique internationale et polymorphe couronnée de nombreuses distinctions, également directeur de la Compagnie Nine Spirits, comme directeur de l’institution à l’été 2019 a confirmé cette volonté de s’inscrire dans une dynamique tournée vers l’avenir.

Le Conservatoire a intégré en 2020 l’Institut National Supérieur d’Enseignement Artistique Marseille-Méditerranée (INSEAMM) , où il rejoint l’École Supérieure d’Art et de Design Marseille-Méditerranée (ESADMM), et de nombreux projets de collaboration interdisciplinaire, d’ouverture sur les musiques de tradition orale et les arts de la rue, de constitution de diplômes supérieurs sont déjà à l’œuvre.

L'équipe actuelle compte, pour le versant enseignant, quelque 90 professeurs pour plus de 1 800 élèves. 

NB : Inspiré de l'article de Lionel Pons dans la Revue Marseille n°210 de juillet 2020, "Marseille et la musique".